Par les chemins d'automne - acte VI : Sur les traces de Bretuald

[Uphir(Uphir)]

Je sais que sa famille avait eu des liens très étroits avec la famille De Sangriss[1]...

1.	@Uphir à toi de me dire lesquels.

Ylic ? Ylic de Montrange, cinquième fils du Baron du même nom. Sans espoir d'héritage, il a donc rejoint les ordres; ce n'est pas vraiment une surprise, son tempérament placide et son esprit vif le prédisposait à une vie d'études dans le calme d'un ordre religieux. Enfant, il fut souvent le souffre douleur de mon frère sans que j'y puisse changer quelque chose... bien que le garçon me fut sympathique. J'ignorais que dans mon dos, les deux Sires, de Castelroc et de Montrange, me prêtaient mauvais caractère. Etonnant; je ne leur ai pourtant jamais nui directement ! Malheureusement, le mauvais comportement de mon jumeau vient ternir mon éclat. Qui puis-je ? Il est mon frère !

Pour en revenir aux Montranges, "de trois lionceaux d'ocre couronnés sur lit d'azur et de sang"... telles sont décrites leurs armoiries. Leurs terres se trouvent juste au sud des nôtres et aussi loin que je me souvienne, nos familles ont toujours pleinement collaboré bien qu'ils ne soient pas bannerets de mon père. Nos arbres généalogiques ont quelques branches communes par le mariage, mais cela remonte à plusieurs générations. Plus récemment, je crois savoir que leur ainé, Cédrik, a prétendu à ma main, mais Mère l'a éconduit car appartenant à un rang de noblesse inférieur.

[Davog(Xine)]

Je lève un œil torve vers le chevalier à sa réflexion. J'pourrais soupirer bruyamment de dépit, histoire de lui faire comprendre tout le "bien" que je pense de ces choses, mais n'en fais rien. Au lieu de cela, un de mes sourcils broussailleux se redresse en épis tandis que je me gratte l'entre-jambe d'un geste nonchalant.

Mouais.
En c'qui m'concerne, des gus qui vous endorment avec leurs chants, ça n'me mets pas en...émoi !
J'trouve ça suspect, s'tu veux mon profond avis...

Je fais jouer ma nuque pour ramener mon esprit au présent et sortir de l'engourdissement avant de récupérer ma hache que j'avais appuyée contre le mur de ce vieux moulin.

Mais puisqu'ils vont dans l'même sens que nous, autant qu'ils nous accompagnent..., j'ajoute en gage de bonne volonté. J'vais pas me mettre tous ces culs trempés à dos alors qu'on est sur leurs terres, ce serait ballot.

[Mathor Jaelden(Mahar)]

La procession chevaleresque apparaît bientôt à l'horizon, et le martèlement des sabots accompagné de ces chœurs surnaturels ont quelque chose de véritablement saisissant. Les paladins sur leurs fiers destriers chevauchent avec une grâce et une élégance rare dans ces contrées, comme s'ils incarnaient la pureté de la chevalerie.

Détails

Cette compagnie arbore les couleurs bleues et blanches de l'Ordre de la Vraie Lumière. Leurs étendards blancs et azur figurant un astre doré claquent au vent de manière grandiose.

Les cavaliers ralentissent à votre abord, Ils sont réellement impressionnants dans leurs armures étincelantes. Le paladin qui semble diriger l'escorte, un colosse sur une magnifique destrier blanc, diffuse une aura de force et de noblesse qui vous ébahit. Il s'arrête presque à votre niveau, vous jette un regard, puis repart de plus belle sur la route de l'abbaye.

Détails

Mais la véritable surprise, celle qui laisse Davog, Joscarin, et surtout Aube complètement abasourdis, c'est la personne que cette fière escorte accompagne. Nimbé d'une lumière qui semble une émanation céleste, le dignitaire de l'ordre brandit un immense crucifix brillant d'une flamme divine. Il ne vous jette pas un regard en passant, les yeux rivés vers sa destination. Mais ses traits sont ceux de frère Aresmus, votre compagnon disparu. Il semble plus mince, et d'une allure altière qui ne vous est pas familière, mais la ressemblance est bien trop frappante pour être le fruit du hasard. 

Détails

Vous contemplez longtemps la troupe chevaucher vers l'abbaye, jusqu'à ce que les silhouettes se perdent dans l'horizon et que les chants angéliques ne s'évanouissent eux aussi. Kwan Yin et Joscarin dorment côte à côte dans une position touchante. Le frère Concaleus, lui, ronfle à tout rompre.

Frère Padraig

Vous remarquez alors un jeune prêtre qui s'approche de vous avec un air tout à fait réjoui.

Il semble lui aussi marqué par la vision de cette formidable procession, et vous aborde d'un air enthousiaste !

[Arthur de Castelroc(Aytan)]

Je reste saisi et le cœur empli d'allégresse à cette vision magnifique. Le souvenir commençait à se faire lointain de la dernière fois où j'avais pu constater une telle prestance !

Un jeune moine s'approche de nous. Il semble ravi. Son émotion me touche, car elle me rappelle mes débuts dans la chevalerie. Moi aussi, un jour  j'ai été ébahi par une troupe de paladins. J'étais alors encore jeune Novice, dans l'Abbaye même où nous nous dirigeons ...

Arthur de Castelroc

Alors, mon jeune ami ! Ca fait quelque chose, hein !

Je me tourne alors vers Aube, avec qui je pense partager mon émotion, et je suis surpris de lui trouver une expression ... qui n'est pas celle que j'attendais.

[Frère Padraig(Arkendor)]

Ébloui par la grâce divine qui émane de cette sainte procession, je suis tombé à genoux, le front dans la terre, pour accueillir avec l'humilité requise la vision de cette chevalerie céleste et plus encore de la flamme divine qui était en son cœur.

C'est donc le regard illuminé, le sourire béat et le cœur en joie que je m'approche des voyageurs qui ont, eux aussi, assisté à cette épiphanie grandiose. Ma robe de bure élimée et tâchée, mes sandales usées par la route, mon bâton de pèlerin caractéristique, ma tonsure, le crucifix de bois simple sur mon torse ... tout me désigne comme un simple moine de la Sainte Église de la Vraie Foi.

Certes mon corps est maigre et corseté, ma barbe et mes cheveux bruns ne font l'objet d'aucun entretien, mon habit religieux est modeste et usé, mais mon regard est perçant, vif et clair, et mon expression résolue et affable.

Alors que j'approche, le visage enjoué et ravi, un jeune chevalier m'interpelle. Cette voix éveille un écho dans mes souvenirs, et il ne me faut guère longtemps pour reconnaître l'homme.

Arthur ? Est-ce bien vous Arthur ? Ainsi, l'oiseau revient toujours au nid, et le novice en son abbaye !

J'ai un rire clair et sincère, qui résonne de mon allégresse sereine.

Je suis fort heureux de vous revoir ! Vous voici chevalier, comme vous le désiriez tant, et assorti d'un bel équipage. Je n'ai jamais douté de votre vocation et de votre dévotion à la cause sacrée de votre ordre. Votre piété et votre bienveillance étaient déjà notoires et remarquées.

J'observe ses compagnons, les saluant d'un sourire et d'un geste amical de la main, comme s'ils étaient de vieilles connaissances. Après tout, nous sommes tous frères et sœurs en Dieu.

[Davog(Xine)]

Ébahis, sérieux, par ces trous du cul de grenouilles de bénitier qui se cachent derrière la ferraille de leurs armures pour massacrer toutes les traditions ancestrales ?

Ma Snaga en main, le colosse aux épaules recouvertes d'une impressionnante peau de loup et à la barbe hirsute que je suis a regardé passé la troupe d'un air absente. Enfin presque. Une personne attentive aura vu mon poing se resserrer sur la hampe de mon arme et mes narines se contracter quand passa l'escorté.
Mon regard a suivi un instant encore le cortège, puis j'ai craché au sol, bruyamment.

Est-ce pour cacher mon trouble, augmenté par le réel dégoût de toute cette démonstration abjecte ? Probablement.

Le regard que je pose alors sur le nouveau venu est morne et peu amène. Il va me falloir me faire une raison dans c'coin. Mais là, cela commence à faire beaucoup trop d'adeptes décervelés pour moi, n'en déplaise au souvenir d'Aresmus. <pense:>Foutrerie ! Aresmus...
Je secoue la tête en silence et me dirige vers les deux endormis, bienheureux qu'ils sont de ne point avoir assisté à cette débauche dégoulinante de mauvais goût.

Debout là-dedans ! La sieste est terminée, on a encore de la route à faire..., fais-je de ma douce voix caverneuse et grondante en secouant généreusement l'épaule du barde. J'espère seulement ne pas avoir besoin d'en faire autant avec "petit oiseau".

[Arthur de Castelroc(Aytan)]

@Arkendor Y a t'il des choses à savoir sur la façon dont se connaissent nos personnages ou puis-je inventer librement ? (je n'ai pas accès à ton topic de création de perso )

Je cligne des yeux tandis que le jeune moine m'interpelle. Au début, je ne le reconnais pas, mais ... cette lueur dans le regard ? Ce sourire à la fois franc, naïf et sincère qui m'a toujours donné envie de le protéger ?

Arthur de Castelroc

Bon sang, mais ... Padraig ? Frère Padraig ? Ma parole, tu n'as pas changé !

[Frère Padraig(Arkendor)]

@Aytan C'est très libre, a priori on se connaît (j'ai un lien de confiance avec ton personnage) d'avant, aussi ai-je moi-même brodé en parlant de noviciat dans la fameuse abbaye ... et je brode encore ci-dessous 

J'ai un sourire lorsque ce cher Arthur me remet et se rappelle de mon nom. Je le contemple, noble et fier sur son destrier, couvert de l'armure et porteur de l'épée du chevalier. J'ai un léger haussement d'épaules à l'écoute de sa remarque :

Hé bien, j'ai pris quelques années de plus, comme vous, mon cher Arthur. Mais je n'ai pas à me plaindre. Par la grâce du Tout Puissant, ce furent des années fructueuses et heureuses.

Observant le petit groupe, les chevaux, la route, j'ajoute :

Seriez-vous en route vers l'abbaye d'Asterlin ? C'est ma destination. Je dois voir frère Ylic, qui est devenu maître des copistes, pour étudier certains documents anciens de la bibliothèque. Je pense qu'il doit toujours garder, caché quelque part, ce fameux traité de la Poétique d'Adrasto qui nous attira les remontrances du Père Abbé. Vous souvenez-vous de ce passage de la règle, qu'il nous fit dire et copier plus de cent fois ?

Prenant l'air austère et sévère du père Jacquemont de notre noviciat, et imitant sa voix sèche et légèrement sifflante, je récite de mémoire les fameuses phrases qui me restèrent par force de répétition et dont je me souviens toujours avec précision quelques années plus tard :

Garder sa bouche des paroles mauvais et deshonnêtes, ne pas aimer à beaucoup parler, ne pas dire des paroles vaines ou qui portent à rire, ne pas aimer le rire prolongé ou aux éclats, et quant aux bouffonneries, aux paroles oiseuses et portant à rire, nous les condamnons en tous lieux à la réclusion perpétuelle, et nous ne permettons pas au disciple d'ouvrir la bouche pour de tels propos.

[Uphir(Uphir)]

<pense:>C'est impossible ! Cela ne se peut !

L'apparition du revenant Aresmus (ou de son jumeau) me laisse bien plus pantoise que le défilé ostentatoire de la chevalerie épiscopale. Je me tourne un instant vers Davog et constate, à son attitude, qu'il a bien vu la même chose que moi. J'en oublie le nouveau venu (un homme d'église de plus) qui s'entretient avec Arthur de Castelroc (ils ont forcément un sujet commun) et ramasse à la hâte mes bagages pendant que le "géant" réveille les endormis indifférents au cortège religieux (les chanceux).

Il nous faut gagner l'abbaye au plus vite... je dois en avoir le coeur net ! dis-je à mes compagnons à peine éveillés, visiblement impatiente de me remettre en route.

[Mathor Jaelden(Mahar)]

Vous tentez de réveiller les dormeurs, mais leur torpeur est telle qu'ils demeurent plongés dans le sommeil malgré vos tentatives...

Arthur de Castelroc

 Ce sommeil profond te rappelle le souvenir de ta première exposition aux chœurs angéliques. Qu'elle émotion inattendue ressens tu à ce souvenir ?

Frère Padraig

En quoi ce sommeil surnaturel est-il étrange pour toi, qui es pourtant versé dans les manifestations de la puissance du Seigneur ? Pourquoi cela te bouleverse-t-il ?

Davog

Que remarques tu d'inhabituel dans l'absence de réaction de Joscarin ? Pourquoi cela te dérange-t-il ?
 

Aube de Sangriss

 Qu'est-ce que tu trouves changé chez Kwan Yi . En quoi est-ce irrémédiable ?

[Frère Padraig(Arkendor)]

Ceci est l’œuvre du Seigneur. Ces âmes souffrantes sont appelées au soulagement dans la miséricorde divine. Il n'est rien que nous puissions faire, sinon garder leurs corps des rigueurs du climat.

En mon for intérieur, je rappelle à ma mémoire les connaissances acquises sur les miracles de la Foi, et c'est passablement surpris et ému que je me récite les cas recensés et documentés :

<murmure:>Tout d'abord, sont les cas d'exaltation de l'âme, qui concernent les bienheureux et les saints, appelés à la félicité divine aux côté du Seigneur. Ensuite, sont les cas de mécréants et d'ignorants, éloignés de Dieu, et frappés de la soudaine révélation divine, qui sont tels des enfants à naître, encore dans le sein de leur mère, et qui viendront tôt ou tard à la lumière de la Vraie Foi. Enfin, il est de rares occasions ou la miséricorde divine frappe d'inconscience les âmes perdues par de trop lourds péchés ou, pire encore, par la corruption du Malin.

Mon visage devenu soucieux se tourne vers Arthur, dont cette femme et cet homme en dormition étaient les compagnons et lui demande d'une voix solennelle :

Arthur, ces dormeurs de vos amis, étaient-ils des saints ou des démons ? Etaient-ils des enfants du Seigneur, ou des âmes perdues sur les chemins de l'inconscience, de l'inconsistance ou de la damnation ?

[Uphir(Uphir)]

Je regarde le religieux qui nous a abordé, incrédule, puis, fronçant les sourcils, je m'adresse à lui sur un ton peu amène[1]: Qui que vous soyez, je vous saurais gré de ne pas juger nos compagnons et de cesser de nous abreuver de vos balivernes; nos amis ne sont ni des anges, ni des démons, et ce que je vois là et que vous appelez miracle, d'autres l'appelleraient maléfice !

Je regarde Davog: Mettons les sur nos montures, et nous marcherons à pied ! Nous ne pouvons les laisser là et nous ne pouvons non plus trop tarder...

1.

Amen !

[Davog(Xine)]

J'ai grommelé en entendant le nouveau venu, et secoué plus fort Joscarin, grondant plus fort. Lui toujours si alerte dort comme un bébé mais d'un sommeil si tranquille puisqu'il marmonne. Je crois même entendre les nom de Méline ou de Thibault, mais peut-être est-ce mon esprit endormi qui divague...

Rhaaaa !, grognè-je en me redressant de toute ma stature, particulièrement énervé de ne point réussir à les éveiller.
Au dessus de nous, une chouette vient tournoyer tandis que je fais un pas pour soutenir Aubinette.
Ou de la sorcellerie ! Il n'y a que des lâches pour endormir les êtres sur leur passage. De peur, sans doute...

Mais baste ! Je ne veux guère discourir plus longuement et, hochant la tête en direction de De Sangriss, je charge déjà le barde sur mon épaule avant de l'attacher -plus délicatement que je ne l'aurais cru- en travers de son cheval.
Soulevant ensuite Kwan Yi -encore plus légère que ce que je n'aurais cru- je regarde Aube.
Peut-être que vous pouvez t'nir à deux sur l'cheval. Contre toi, elle s'ra moins balotée et y'aura moins d'risque qu'des bleus pointent l'bout de leur sale face...

[Polkar(Nuke)]

Voilà déjà quelques jours que j'avais réussi à trouver ceux que je cherchais. Voilà déjà quelques jours et quelques nuits que tout n'était plus que prières et bondieuseries. Je me maudissais intérieurement d'avoir accepté la proposition faites par les moines de l'abbaye d'Asterlin.

Alors je profitais de cette nouvelle interruption pour repenser à ce moment. Et c'est d'une oreille discrète que j'entendais les phrases et les réponses.

<pense:>..."Je suis fort heureux de vous revoir..."  ..."Ceci est l'oeuvre du seigneur"...  Il y va fort le petit moine. En réalité je n'avais rien contre lui, c'était contre moi que j'étais en colère. <pense:>Tu vois, Polkar, tu aurais du leur vendre ces quelques sangliers et retourner dans la forêt. Qu'est ce qui t' a pris d'accepter ce travail supplémentaire ?

De belles montures, de puissantes armures, c'est certain que le cortège avait de la gueule. Et qu'il ne pouvait pas passer inaperçu. Quand j'avais expliqué la raison de ma présence parmi eux ils avaient accepté, sans trop rien me dire, étonnés eux aussi.

Et finalement le seul à être venu me faire la conversation ça avait été lui, le frère Padraig. <pense:>Et bah ! C'est bien fait pour ta gueule, t'avais qu'à pas picoler la veille ! Tu l'aurais pas accepté ce travail !

Je jette un œil discret à chaque fois que j'entends et repère une nouvelle voix. Et c'est bien la dernière que j'entends qui me fait réagir immédiatement. <pense:>Par tous les démons de l'enfer, si ce n'est pas...

<hurle:>Davog ! Réalisant que j'ai braillé un peu fort, je baisse d'un ton. Qu'est ce que tu fais encore si loin de chez toi ? Tu veux que je t'aide à trouver ton chemin

Je le regarde en train de faire ce qu'il fait, d'un regard sérieux, d'un regard réprobateur presque.

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[Davog(Xine)]

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Interpellé brutalement, je me retourne vivement alors que "Petit oiseau" -une jeune femme de la taille d'un adolescent à la peau couleur citron- est toujours dans mes bras.
Je resserre ma prise et lance un regard noir vers le nouvel arrivant...avant d'éclater de rire. Un rire gras et sonore ; libérateur presque, s'il ne venait pas de caler le ménestrel sur un cheval et que ses bras n'étaient pas occupés par un poids plume.

Hey ! Polkar !
C'bon vieux Polkar ! Je me tourne vers Aube. C'gars-là n'nous gavera pas d'seigneurie crasse, ma grande !
T'es pas un peu loin de ta cabane ? Mon regard reprend une lueur grave alors que je détaille sa mise. Je finis de hisser Kwan Yi sur le canasson et je lui lance, avec un sérieux mêlé de dégoût, M'dis pas qu'toi aussi tu vas à cette abbaye...

[Arthur de Castelroc(Aytan)]

Arthur de Castelroc

Le "traité de la Poétique d'Adrasto" ? Si je me rappelle ... !

Je souris en descendant de cheval à l'évocation du nom de code farfelu que nous avions donné à ce recueil qui contenait des images tout sauf pieuses que nous avions trouvé sous le lit de l'abbé en faisant le ménage, tâche dévolue aux novices. Personnellement, j'en avais retiré la conclusion que chaque homme avait une faiblesse, et que chaque faiblesse était l'une ou l'autre sorte des sept péchés capitaux. Et que même un abbé pouvait céder au péché de la chair, au moins en pensée ...

La punition commune nous avait soudé, le jeune Padraig et moi, deux novices jeunes et crédules. Venant de la noblesse, je n'étais pas trop inquiet pour mon cas, d'autant plus que je commençais à réaliser que ma vie ne serait pas dans les ordres. J'étais heureux de voir que Padraig avait trouvé sa voie, malgré cet incident. Le revoir m’emplissait de nostalgie à la pensée de notre complicité et des rires interdits échangés en pouffant lors de nos farces de gamins.

Arthur de Castelroc

Que t'es t-il arrivé depuis lors ? J'ai quitté les ordres, comme je te l'avais promis, et je suis devenu chevalier ! La ferveur religieuse ne m'a jamais quittée, mais je préfère prendre part au vaste monde extérieur dans toute sa réalité que me retirer dans mon monde intérieur dans un monastère. Je suis heureux de voir que tu as également trouvé ta voie.

Pendant que Davog fête ses retrouvailles avec un autre pouilleux - font-ils donc un concours du plus grand nombre de puces ? - j'en profite pour échanger avec Padraig, qui semblait s’inquiéter. :

Arthur de Castelroc

Non, mes amis ne sont pas des démons. Ce sont des compagnons trouvés sur le chemin de ma quête, et nous avons partagé des luttes mortelles suffisamment inquiétantes pour que je doive en parler à l'actuel abbé. Je te raconterais tout lorsque nous serons à l'Abbaye.

J'ai un ricanement.

Arthur de Castelroc

N'écoute pas Aube, elle est d'humeur chagrine. Ça peut être une compagne de voyage agréable quand elle s'en donne les moyens, mais elle peut tout aussi bien se montrer aussi têtue et mordante qu'une loutre des rivières ... On est loin de la Poésie d'Adrasto, si tu vois ce que je veux dire ...

Ma remarque anodine s'étrangle doucement dans ma gorge tandis que je perçois que nos camarades ne se réveillent pas. La peur m'étreint, car ma nourrice m'a toujours raconté l'histoire des chœurs angéliques qui réveillent le malin dans les mauvais hommes, et les plongent dans le sommeil éternel. C'est pour cela qu'il fallait toujours garder le cœur pur, disait-elle ...

[Uphir(Uphir)]

Une loutre des rivières... !? Et bien je ne sais si c'est la religion ou la chevalerie qui vous monte à la tête, mais il semblerait que vous ayez oublié votre éducation, Messire de Castelroc !

Me tournant vers Davog et son... ami.

<pense:>Décidément, c'est la journée des retrouvailles improbables !

Messieurs, sans vouloir vous presser, pourrions nous nous remettre en route; rien ne vous empêchera de deviser en cours de route...

Comme pour initier le mouvement, je saisis la bride de mon cheval sur lequel Davog a placé Kwan Yin. Je n'étais pas très enthousiaste à l'idée d'aller à l'abbaye; les récents événements m'ont au contraire rendu impatiente d'y arriver. Il y a bien sûr le sommeil "magique" de nos amis, notre poursuite du démon... mais encore (et surtout), l'apparition "miraculeuse" (que je hais ce mot) d'Aresmus. Tant de mystères à découvrir !

[Polkar(Nuke)]

Et comme je m'approche pour une empoignade virile avec Davog, il est temps de décrire celui qui échange avec lui.

L'homme est grand et bien charpenté, même si on est loin du physique du Davog. La barbe est suffisamment fournie pour empêcher de donner un âge avec précision, mais il est clair qu'il a dépassé les trente ans. Les vêtements sont simples, taillés pour la vie en extérieur et ça correspond bien à l'aspect assez sauvage du personnage.

La panoplie est complété par une armure de cuir, une épée qu'il porte à la ceinture et un arc et son carquois. Le manteau de pluie semble dissimuler un sac porté sur le dos.

Mais bon...

Je m'approche et commence par donner une tape amicale dans le dos de Davog que j'empoigne du mieux que je peux. Et moi, tu crois que ça ne me surprend pas d'te croiser sur c'te route ?

Je l'observe, un peu, cherchant les changements, et je jette un regard curieux sur son équipage. Et si ! Direction l'abbaye ! Tu as deviné juste ! Je chasse le sanglier pour les moinillons, d'habitude !

Je jette un regard blasé au bel équipage de foi et de ferraille avec qui je suis arrivé, et je le compare dans ma tête à l'équipage plus... plus... Tu vas pouvoir me raconter ce que tu fais là toi aussi ! Et on va pouvoir se boire un bon godet en se racontant tous les hivers qui se sont passés depuis notre dernière promenade.

Alors oui, j'ai clairement l'air content de retrouver le barbare. Même si je jette un coup d’œil rapide vers le bois situé à l'horizon, mon attention est bien tourné vers celui qui vient de charger une jeune femme sur un cheval.

[Frère Padraig(Arkendor)]

Que de monde sur la route de l'abbaye ! Si cette dame Aube, qui accompagne Arthur, à moins que ce ne soit Arthur qui l'accompagne, ne goûte pas mes propos - mais est-elle seulement en mesure de les comprendre ? - je sais que le sieur Polkar est un fidèle assistant des moines d'Asterlin, et donc un serviteur de l’Église.

Lui adressant un sourire aimable, je le salue d'un geste chaleureux alors qu'il se serre les pognes avec le géant bougon qui accompagne, lui aussi, Arthur. Je suis à peu près sûr que ce n'est pas l'inverse, le concernant. Ma foi, voilà un équipage étonnant, pour ne pas dire baroque.

Je réprime une grimace d'amusement devant la réaction outrée de la "loutre des rivières" et me concentre sur le visage aimable de mon ancien condisciple. Mon regard retourne brièvement sur les deux endormis dont il semble si sûr de la probité, avant que je ne réponde à sa première question.

Mon noviciat terminé, j'ai décidé de me consacrer au secours de mes semblables en rejoignant l'Ordre de Saint Anselme qui œuvre par le monde à guérir et délivrer de leurs tourments nos sœurs et frères en humanité. Je viens récupérer auprès du frère Ylic certains documents anciens traitant des rites d'exorcisme. Ainsi, vois-tu - finalement il n'est pas si difficile de retrouver le tutoiement ancien des novices - je parcours le monde, pour porter la guérison et l'apaisement parmi les hommes, étant un moine errant relativement libre de mes gestes, quand, bien sûr, mes supérieurs ne requièrent point mon application et mon zèle à quelque tâche particulière.

Observant la route qui file vers notre destination commune, j'ajoute :

Sans doute pouvons-nous finir notre route ensemble ... à moins que vous ne deviez pousser vos montures pour arriver au plus vite ?

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[Frère Padraig(Cina Mel)]

Comme dans un songe, trois plumes spectrales volètent vers les religieux de l'étrange équipée.

Dans le même temps, une voix résonne, comme descendue du ciel, féminine, sans nul doute possible, une présence spirituelle et pourtant bien tangible, dont semble émaner toute la bonté présente en ce monde.

Les cieux résonnent encore des hurlements des pauvres âmes que certains ont brûlées au nom de votre vraie foi.

Mais il n'est pas de vraie foi. Seules vraies et dignes d'être suivies sont celles de la tolérance, de la bienveillance et de l'entraide.

Un tourbillon de plumes multicolores - dont les plus attentifs reconnaîtront les couleurs des tatouages de Petit Oiseau - entoure soudain le corps de Kwan dont s'envole, alors qu'il se dissipe, une jeune grue cendrée.

Puissiez-vous un jour ouvrir les yeux.

Un rayon de soleil passe de Dame Aube à Davog comme la voix se tait, laissant les mortels reprendre le cours de leur périple.

Miraculeusement, une plume s'est glissée sous leurs vêtements à tous deux, sur leur coeur, une plume tiède aux pulsations douces et régulières.

[Uphir(Uphir)]

Oh ! fais-je spontanément, surprise, mais aussi émerveillée, par le départ si soudain et poétique de Kwan Yin, à l'image du personnage. J'observe la grue prendre son envol et la suis longtemps du regard, jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans les cieux. Mon regard brillant exprime pour une fois les émotions que je refoule habituellement. Oui, je puis dire que l'exotique guerrière était mon amie, une qualité que j'accorde rarement. Une partie de moi s'attriste de la voir ainsi nous quitter, car je me sens désormais seule au milieu de notre hétéroclite compagnie (à forte dominante masculine). Mais une autre partie de mon être se réjouit de la voir ainsi échapper au "mauvais sort" de cette troupe de "fous de Dieu". Je ne peux m'empêcher d'ailleurs de rire intérieurement en imaginant en quoi Joscarin pourrait se transformer pour échapper au sommeil divin.

Je porte la main à mon coeur (plus précisément dans mon corset) pour en extraire le cadeau d'au revoir (je n'ose dire adieu) et avec un dernier regard vers l'azur, je murmure pour moi-même...

<murmure:>Bon voyage "petit oiseau". J'espère que nos chemins se croiseront à nouveau...

[Davog(Xine)]

Un mouvement dans ma barbe. Mes lèvres ont dû dessiner l'ombre d'un sourire.
J'aurais eu le cœur plus léger, quelques lunes plus tôt, j'aurais put-être pousser un rire gras pour accueillir la remarque de ce vieux grigou.

La petite contre Aube, j'attrape la longe du bestiau de Joscarin et commence à avancer.

Un seul godet ? Je commence. Tu m'déçois mon ami !
Z'ont intérêt à avoir autre chose que c'te pisse couleur sang, les moinillons, s'tu veux mon avis...

J'aurais bien ajouté autre chose, mais voilà qu'une nouvelle sorcellerie s'opère et je lève les yeux en quête de la chouette, m'assurant qu'elle n'a pas perdu d'ses plumes.
Sauf que ce sont pas les siennes.
Et cette voix... J'en reste comme hébété, avec de gros yeux ronds qui papillonnent à la recherche de l'origine de cette nouvelle chose.

Mon cœur a compris avant moi.
Je me ferme -certaines mauvaises langues diraient que je reste "interdit"- devant le spectacle des plumes. Celles qui décoraient sa peau volettent comme si un vent magique les faisaient danser. Blézian m'a déjà fait le coup, autrefois...avant son dernier haut fait... Et la grue s'envole, prend de la hauteur, et la voix revient...

Je reste un instant coi, le regard perdu dans la direction prise par l'oiseau.
Puis j'expire, ne m'ayant pas rendu compte que j'avais gardé tout cet air en moi.

<pense:>Puisses-tu être libre, désormais, P'tit oiseau...

Alors je jette un regard à la noble et, sans plus de formalité, je reprends la longe que j'avais lâché et ré-amorce le mouvement en grommelant un Allons-y ! peu enthousiaste.

[Mathor Jaelden(Mahar)]

Dans cette ambiance de plus en plus surnaturelle, vous vous remettez en route vers l'abbaye. Le frère Concaleus et Joscarin ne se décidant pas à se réveiller, c'est au son de leurs ronflements que vous arrivez bientôt en vue de cette imposante bâtisse.

Frère Padraig

 Décris nous l'abbaye dans ses grandes lignes. Où menes-tu cette étrange compagnie pour éviter les longues formalités ?

Arthur de Castelroc

Qu'est ce qui a changé depuis ton noviciat ici, qui montre que l'époque est troublée ?

[Frère Padraig(Arkendor)]

Puisqu'il semble que certains des suivants de ce cher Arthur ne connaissent point notre estimée destination, je me fais un plaisir de la leur présenter, selon des termes, il est vrai, maintes fois répétés :

Qui en Albonie ne connait l'abbaye d'Asterlin, célèbre pour abriter les os de Saint Gilles le Martyr, relique vénérée par tous les fidèles de la Vraie Foi ?

Exposés dans un reliquaire d'argent orné de perles, au sein de la grande église de l'abbaye, ces ossements sacrés confèrent à l'abbaye un statut et une renommée qui dépassent les frontière du royaume et attirent nombre de pèlerins, qu'ils soient roturiers ou grands seigneurs. Il est de notoriété publique que la tradition d'hospitalité n'y est pas un vain mot et que les voyageurs y sont particulièrement bien accueillis par une communauté monastique très active, sous le patronage du père abbé Jacquemont.

A la tête d'un vaste territoire agricole et de plusieurs villages, soigneusement valorisés par une importante congrégation de frères convers, le domaine seigneurial dépendant de l'abbaye est prospère et florissant, et fait figure de petit paradis sur terre. Du moins, était-ce le cas jusque récemment, puisque la période de troubles actuelle n'a pas épargné cet écrin de ferveur et de prospérité. Sans doute, Arthur, trouveras-tu que certaines choses ont changé ..?

Au sein de l'enceinte cloîtrée, réservée aux moines réguliers et aux nobles visiteurs de sexe masculin, se trouve également la fameuse bibliothèque de l'abbaye et son scriptorium, où des générations de frères copistes, les plus talentueux de l'Elleslande, ont patiemment constitué une collection de manuscrits sur parchemin et d'ouvrages reliés digne des bibliothèques royales. Des milliers de rouleaux et de tomes, rassemblant le savoir hérité de l'ancien empire jusqu'aux controverses théologiques les plus récentes, sont soigneusement entreposés sous la surveillance du frère Ylic, le bibliothécaire, et de ses assistants. Ma foi, je fus l'un d'eux, il y a quelques années encore, lorsque l'austère père abbé Jacquemont avait encore la santé lui permettant d'appliquer avec rigueur les préceptes de Saint Gilles sur les novices.

Arthur, ton équipage étant essentiellement masculin, nous pourrions nous présenter à la porte des moines, et nous éviter les formalités d'usage, qui se sont, malheureusement, quelque peu alourdies avec les troubles actuels. Je connais bien le frère Giraldus et ses assistants, et je pense qu'ils se souviendront de toi.

M'adressant à la revêche dame de compagnie d'Arthur - manifestement, elle n'est pas sa femme, ni une parente, peut-être sa maîtresse ..? - cette si aimable Aube de Sangriss, j'ajoute d'un ton désolé :

Madame, je crains de ne pouvoir vous faire bénéficier du même procédé que ces messieurs. Néanmoins, en tant que noble dame, je suis certain que votre accueil sera des plus aimables et que nous pourrons vous retrouver rapidement dans la salle des chevaliers, celle qui est réservée aux personnes de votre rang, à côté de la grande salle des hôtes.

[Davog(Xine)]

J'ai soupiré plus que mon saoul en entendant le moinillon nous rabattre les oreilles sur l'histoire de cette abbaye. Et je me rassure d'une chose : plus vite nous aurons les informations que nous venons chercher, plus vite nous filerons de cette terre maudite souillée par cette pseudo foi écœurante.

Je redresse la tête à la fin de son discours, un peu surpris il est vrai. Moins sûrement que ce que je m'apprête à lui dire (ou grogner, c'est selon) alors :

Hého, Pédro !, fais-je pour l'interpeller.
On t'a laissé à tes retrouvailles, mais là, tu vois, c'est cette Dame qu'on accompagne, nous. Et une noble sans équipage ou sa suite pour l'escorter, ça risque paraître un peu étrange ou suspect à l'entrée de ton bouge.
Fais donc entrer nos deux dormeurs, ça c'est une bonne idée.
Mais ni le preux chevalier ni moi ne pouvons la laisser sans escorte !!