Rebecca, Ethan et Nathan atteignent le premier étage dans un souffle court, les muscles tendus par l’effort et la peur. À peine passent-ils le seuil que leurs oreilles sont assaillies par le vacarme infernal du rez-de-chaussée. Des hurlements de terreur, des cris étranglés, le bruit sourd de corps qui chutent ou s’entrechoquent résonnent encore, bien que plus étouffés par la hauteur. Le chaos semble engloutir ceux qui n’ont pas réussi à fuir à temps, et la violence de ce carnage en bas leur colle une angoisse glacée au ventre.

    Le couloir qui s’étire devant eux est long et sinistre, une artère froide d’hôpital abandonné à la destruction. Les murs autrefois blancs sont couverts de traces sombres : des éclaboussures de sang séché, des traînées comme si des corps avaient été tirés à la hâte ou lutté jusqu’au bout. Certaines cloisons sont fissurées, éventrées à certains endroits comme si des choses énormes s’y étaient acharnées. Des morceaux de faux plafond pendent comme des lambeaux, oscillant lentement dans un air chargé d’une odeur métallique, celle du sang, mêlée à celle plus rance de la décomposition.

    Le sol est jonché de détritus : des brancards renversés, des chaises roulantes brisées, des perfusions éventrées, des dossiers médicaux éventrés que personne n’a ramassés. Ici et là, des lampes d’urgence vacillent faiblement sur les murs, projetant une lumière blafarde, intermittente, qui donne aux lieux une apparence irréelle, comme un cauchemar vivant.

     Les portes qui jalonnent le couloir sont à moitié ouvertes, certaines éventrées, d’autres carrément sorties de leurs gonds. L’intérieur des chambres visibles n’offre qu’un spectacle d’abandon : draps déchirés, matelas traînant à même le sol, parfois des tâches brunes indélébiles au pied des lits. Le silence dans ces pièces tranche avec les bruits d’en bas, mais ce silence n’a rien de rassurant.

    Nathan, les doigts tremblants, sort le trousseau de clés que James lui a jeté quelques instants plus tôt. Il le fait glisser dans sa paume, inspectant rapidement les étiquettes gravées. Ses yeux s’arrêtent sur l’une d’elles. Gravé dessus, à peine lisible dans la pénombre, un mot : DEPOT. Une lueur d’espoir traverse son regard : c’est peut-être là qu’ils trouveront quelque chose pour se défendre ou s’échapper.

Faite moi tous un jet de volonté