Renfermée et taciturne, je laisse Ged mener la conversation, roulant des pensées sombres depuis le départ précipité d'Alia, où j'ai l'impression d'avoir abandonné ma famille à un sort terrible. Rester en arrière n'aurait sans doute rien changé mais un doute me hante, celui de n'être partie que pour des chimères, de ne poursuivre qu'un vain espoir et de ne revenir que les mains vides sur une terre dévastée dont le peuple aura été anéanti ou écrasé sous la botte de fer d'un cruel esclavage.
Sitôt mes deux bouchées de repas terminées, je retourne m'enfermer dans la cabine, passant l'après-midi à jouer - assez mal - de vieux airs traditionnels de mon pays.