Les orcs me laissent tranquille, et s'assurent que je ne manque de rien. Ils savent se montrer bienveillants finalement, même si je n'oublie pas qu'ils sont les maîtres et que tous les serviteurs résignés - terrifiés ? - sont tous humains, comme moi. L'esprit flottant, je me laisse porter par la situation, l'oreille attentive aux sonorités du langage orc, dont je commence à distinguer les séquences, phrases et mots, et non plus un charabia guttural et agressif dépourvu de variations, d’accentuations et de tonalités. Voilà de quoi m'occuper l'esprit et les oreilles.
<pense:>Peut-être, sans doute, ont-ils un art du chant, et une tradition poétique, littéraire, artistique ..?
Un bref instant, le souvenir d'Alinei dans la sombre cellule me saisit et je demande si elle est bien traitée, nourrie et abreuvée, comme je le suis. Et d'ailleurs, il serait bon qu'elle nous rejoigne, puisque finalement l'inimité et la violence n'étaient que des erreurs et sont désormais oubliées. Ne sommes-nous pas capables de nous entendre et de devenir amis, comme je le croyais ... je ne me souviens plus quand, mais j'y croyais et je le crois encore.
Cette servante qui ne parle pas et dont je ne connais même pas le nom, je l'observe avec amitié. J'aimerais qu'elle me réponde enfin, me dise son nom, me fasse entendre sa voix, m'apprenne la langue des orcs, ma raconte sa vie, ses espoirs, ses tristesses...
<murmure:>Tes maîtres ne sont pas si durs, vois comme ils nous traitent bien, aussi dis-moi quel est ton nom. Tu pourrais m'apprendre la langue et je t'enseignerai les chansons de la mer immense et troublante, et les contes des temps anciens...
