Message #889494

[Davog(Xine)]

J'ai un temps d'arrêt en (re)découvrant la prairie, non pas telle que nous l'avons laissée, mais avec cette nature presque dérangeante qui y a repris ses droits, balafrée par ces silhouettes calcinées. J'en viens presque à me demander si tout cela n'a pas été qu'un rêve, mais le goût âcre du sang empli encore ma gorge et le cri de la chouette me rappelle ma défaite : je n'ai pas su sauver Blézian !

Ces animaux se jouent de moi. Dès que j'en suis un, un autre m'interpelle. Alors je tourne la tête, fais quelques pas…Je suis comme hagard, absent. Quelqu'un joue du tambourin dans ma tête. À moins que ce ne soit dans ma poitrine ? Et les voilà qu'ils disparaissent, se moquant allègrement de la masse hirsute qui titube de gauche à droite, comme ivre. Sauf que je n'ai rien bu…
<hurle:>Rrrrhhaaaaaaaaahhhhh !!
Un râle. Un grognement sourd qui sort de mes lèvres gercées tandis que je me prends la tête à deux mains.

Allez-vous cesser, maudits fantômes ?, j'hurle dans le vide, les yeux écarquillés et roulant dans leurs orbites comme si j'étais fou. Peut-être le deviens-je.

Puis mon regard revient au chêne et je comprends. Enfin je crois.

Lentement j'avance vers lui. Je pousse un gros soupir. <murmure:>Mon ami !, murmurè-je en posant ma grosse paluche sur le tronc rugueux.
Ma respiration se fait plus lente alors que les images de mon passé, notre passé, me reviennent en mémoire.
Au bout d'un moment que je ne saurais compter, j'arrive enfin à articuler quelques mots :
<murmure:>Ce que tu as fait pour nous vaut les plus belles histoires des meilleurs bardes.
Je te jure, mon frère, que ton sacrifice ne sera pas vain. Je vais mettre ma force et mon acharnement à abattre le démon qui souille cette terre de sa magie noire. Et demain, dans les clans et les châteaux, on chantera ton courage au coin du feu. Tous saurons c'que tu as fait pour les sauver. Pour nous sauver…

J'ai un demi-sourire : causer ce n'est pas mon fort et un court un instant j'aimerais que ce coquet de ménestrel soit là pour faire l'ode adéquat de mon ami.
Doucement, je caresse le tronc quand je sens dans ma paume abîmée comme un « chatouillement ». Je la lève à hauteur d'yeux. Du sang a perlé sans que je m'en rende compte et un beau morceau d'écorce m'est resté dans la main.
J'te garde ça !, je fais à l'arbre.
<pense:>Ainsi, je garde une part de toi avec moi...Et te ramènerai chez nous, comme nous avions convenu...