Message #847428

[Joscarin Milistoir / Josh(Astérion)]

Je me suis bien gardé d'intervenir dans la bataille d'ego qui s'est jouée avec les hommes du baron. Prudence est mère de sûreté... Surtout quand on a le crâne aussi fragile que celui d'un nouveau né. Le récit de la belle étrangère m'a bien plus captivé que le reste. Le seul moment pendant lequel j'ai oublié un instant mes tracas amicaux. J'avais eu quelque échos du monde de Kwan Yin lors de notre soirée à jouer à cet étrange jeu de dés mais rien qui n'eut été plus que des anecdotes agréables. Ce qu'elle dépeint me laisse malgré tout pantois. Une méritocratie, voilà qui est bien éloigné de nos mœurs. Si éloigné que cela me paraît presque être ridicule. Si l'on ne peut se fier à la féodalité comment savoir comment agir ? Aube a recadré le débat par son calme, Blezian par son pragmatisme et Arthur... Arthur par... par quoi ? Sa prévenance ? Au moins vais-je essayer de lui laisser le bénéfice du doute... et de son rang ? Peut-être aurais-je plus de choses en commun avec Kwan Yin et sa contrée que je ne désire le croire.

J'ai emboîté le pas de Davog quand il est parti réunir ses affaires dans l'auberge et ainsi récupérer le sac que j'avais négligemment jeté au sol lorsque l'esclandre a eu lieu a l'extérieur. J'ai assommé le barbare de considérations philosophiques mises sur la table par notre nouvelle comparse.

Un pays sans castes ? Réellement ? Serait-ce tenable ? Penses-tu ? Ne serait-ce pas comme tirer à l'arc sans branche ? La liberté, le respect et la reconnaissance sont-ils induits par notre cadre ? Devrait-on ainsi l'abolir ? Ou n'est-ce pas simplement faire montre de souplesse et d'intelligence que d'accepter le cadre et de s'en jouer quand cela s'avère nécessaire ? S'en jouer c'est cela ?! déclamé-je sans même reprendre mon souffle.

La féodalité nous serait ainsi comme la musique. Ou comme la portée. Notre vassalité serait la portée. Immuable, rassurante, permettant aux plus humbles, d'esprit s'entend, pas de naissance, d'avoir des repères... Je ralentis quelques secondes cherchant ma formulation. Tout en mettant en exergue les talentueux. N'est-ce pas déjà en soi une espèce de méritocratie ? Peut-être est-ce là un peu exagéré, j'en conviens... ou en conviendrais plus tard à l'aune d'autres avis plus exotiques, ponctué-je, songeur.

De facto, malgré la portée inaltérable, il est transcendant d'arriver à jouer, avec virtuosité même parfois.

Je sangle correctement mon sac sur l'épaule, me demandant si réellement Davog m'écoute ou non. Il se retourne et je regarde ce visage qui m'accompagne depuis des lustres. Je continue à parler tout en reculant pour sortir une nouvelle fois sur la place.

Tu vois ce serait comme remporter une partie de cartes alors qu'on a un mauvais jeu. Vivre dans un monde où cela est possible n'est-il pas déjà, en soi, plus excitant que de subir une société dans laquelle tout le monde a le même jeu ? Bref...

J'avise le groupe de pisteurs et laisse parler les "professionnels" de la nature, ce qui n'est pas mon cas. Davog s'en remet à Aube. Alors comme ça, tu es aussi spécialiste en chiens... Après les ours et les chats. D'ailleurs, surtout n'hésite pas à m'appeler quand tu feras le test pour savoir si tu arrives à te lécher comme un chat... Je ne voudrais pas manquer de de souvenirs cocasses pendant mes vieux jours...chuchoté-je à l'oreille du barbare.

Je miserais sur le jeune en ce qui me concerne.... Le jeune et la... Et Reana, finis-je souriant.