Quand je passe la porte à la suite de Blezian, je cherche du regard d'où vient le grabuge. J'essaie de fermer mon esprit aux drames des jours précédents et aux énervements de la jeune matinée. Je prends une grande inspiration, lisse mes vêtements noirs et or encore un peu rêches de la lessive de la veille et avise Davog, un chevalier au bout du bras. Je ferme les yeux, compte jusqu'à dix et y vais. Faîtes que cela ne dégénère pas, songé-je oscillant entre amertume et désespoir.
Je comble les quelques mètres me séparant de la scène en jouant des coudes entre les badauds qui s'agglutinent déjà pour la représentation des "chroniques d'un lynchage annoncé". Dire qu'il y a encore quelques heures la victime (si tant est que Davog puisse porter ce nom) eut été le barbare et qu'il est maintenant le vaillant bourreau. La cocasserie n'a pas de limite.
Davog, si tu le permets, il me semble qu'il serait fort civil de reposer ce monsieur afin qu'il s'explique.
Je dévie mon regard vers le chevalier, somme toute encore très calme, vu la situation... Messire, enchanté. Je me nomme Joscarin Milistoir, ménestrel. Voici Davog, un bien brave barbare du nord.