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AuteurSujet:  Caiman  (Lu 48183 fois)

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Caiman
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Re : Caiman
« Réponse #1 le: janvier 14, 2018, 16:11:46 »
Samedi 9 Décembre 2017. 00h00.39s


L'alcool tue chaque année un peu plus de trois millions de personnes à travers le monde, soit plus que le sida, la tuberculose et la violence réunis, trop d'abus, trop d'excès, les humains ne savent pas se résonner, ils parasitent la terre tels des microbes se délectent d'une cellule vivante.

Un verre de Whisky à la main tu surveilles l'appartement du trente sixième étages de l'immeuble d'en face. Toujours personne, ce n'est pas normal, il devrait être là.

Dieu, s'il existe doit avoir une place de choix et une vision sans faille sur les êtres peuplant ce monde.


Il doit y voir le vrai visage de l'humanité. Il doit observer ces bons et respectueux pères de familles le jour, se transformant en requins et en bourreaux la nuit. Cette nuit la terre en comptera un de moins.
 
Tu n'es pas de ceux qui se demandent ce que fait dieu face à ce fléau, et peu importe les croyances de chacun, là n'est pas la question. On a tué des millions de personnes au nom des différents dieux, une véritable boucherie depuis l'apparition des humains sur terre, l'histoire le prouve, il suffit pour s'en convaincre de simplement avoir le courage et la force d'ouvrir n'importe quel livre d'histoire ou de surfer sur le net. 
Tu n'es pas croyant, très peu pour toi, croire en dieux c'est croire en quelqu'un et tu ne te fies à personne, pas même en lui. 
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Re : Caiman
« Réponse #2 le: février 28, 2018, 17:42:58 »
Toujours tapis dans l'ombre, tu guettes l'appartement du trente sixième, sauf que les jours passent et que ta cible ne pointe toujours pas le bout de son nez.
Neuf jours que tu te dis qu'il va forcément finir par arriver, la patiente est une vertu pour sûr, mais la tienne à des limites.

Tu n'es pas un type méchant, ni particulièrement gentil non plus d'ailleurs. Ton idée de la gentillesse, c'est foutre la paix aux autres, et tout ce que tu demandes c'est que les autres te foutent la paix. Tous les autres.
Les hommes, les femmes, la famille, les chiens, les oiseaux, tout le monde.

D'ailleurs il t'est difficile de faire confiance aux autres. Comme l'a montré l'expérience de Milgram, sur dix personnes prises au hasard, sept sont prêtes à refroidir leur prochain où à le torturer, comme ça, simplement pour obéir aux ordres.

Lorsque tu repenses au cent unième bataillon de réserve de la police allemande, des types comme les autres avec un boulot et une petite famille. Pas des nazis, pas des fanatiques, juste des réservistes issus de tous les milieux. Ils étaient moins de cinq cents appelés par la Wehrmacht en mille neuf cent quarante deux.
On les a lâchés dans la campagne polonaise, et en seize mois, ils ont tués trente huit milles juifs.
Une balle dans la tête, une simple execution, comme ça de sang froid. Des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards, et ils en ont déporté quarante cinq milles, sans raison.

A y repenser ça te donne la gerbe, surtout lorsque tu penses que pour ceux qui refusaient de le faire , ils ne subissaient pas de sanctions, ils pouvaient refuser simplement.

Les bruits que font les voisins du dessus te font sortir de tes pensées. Eux par contre ne doivent pas être gênés par le bruit que tu produits depuis des jours.

Mais le fin fond de l'histoire c'est que les mecs qui ont massacré ces juifs, touchent une pension de l'état allemand, anciens combattants victimes de guerre. Putain...

Un coup d'oeil en direction de la cuisine. Puis sur ta montre, elle indique 00h30. Ton ventre gargouille.
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Re : Caiman
« Réponse #3 le: mars 03, 2018, 01:22:25 »
C'est certainement ce qui a fini de faire monter mon agacement, que je sois obligé de considérer que je vais devoir me préparer quelque chose pour ne pas être demain matin plus irritable le ventre vide. Je me connais.
Mais j'ai horreur de cuisiner à une heure aussi tardive. J'ai regardé la bouteille de "Method and Madness" de 14 ans d'âge sur la petite table basse. Je préfère le 31 ans mais je me suis servi.
L'alcool émousse les réflexes dans la plupart des cas, moi ça dilue mon impatience.


<pense:>Neuf jours... qu'est-ce qu'il fiche ?

Sachant ses jours comptés, je serais lui je ne serais pas pressé de rentrer. Je me ferais un bon resto, une pute de luxe dans un palace, je claquerai tout le fric que j'ai. Mais je ne suis pas lui et quand à sa mort prochaine, jusqu'à preuve du contraire, il n'en sait rien.
 J'ai siroté le whisky, un single malt irlandais, l'un de nos savoirs faire, pourtant en général j'envoie les traditions se faire foutre comme les imbéciles.

Mon attention s'est recentrée sur l'appartement et j'ai laissé mon esprit divaguer me demandant si tout ce que j'avais devant les yeux disparaîtrait un jour. Une ville sombre sans lumière, sans plus un être humain. Probablement que ça arrivera un jour, je ne serais surement plus là pour le voir non plus. Il faut dire qu'en matière de connerie, on a la palme d'or des espèces. Tellement inventifs quand il s'agit de laminer tout ce qu'on a en ligne de mire, terriblement cons en ce qui concerne notre survie. A l'échelle de la nature, de l'univers, on est juste un détail, un détail de plus de 7 milliards d'individus et chaque seconde on jette 4 gosses en plus dans ce merdier. Si c'est pas se foutre de leur gueule !
Vous me direz, on s'est foutu de la mienne aussi et c'est pas faux. Une autre gorgée de whisky.

Perso j'aurais pas de gosse, j'ai rien à transmettre. Des habitudes, une méthode pour balayer efficacement les problèmes de son existence, une marque de café, un whisky, mon goût irraisonné pour les rousses.
Non franchement qu'est-ce qu'un môme ferait avec ça ? Il se dirait surement que son géniteur est un pauvre connard qui a son cerveau sous la ceinture et il n'aurait pas tort, j'entrerai dans la masse des mecs qui font des gosses pour survivre, perpétuer leur nom, laisser quelque chose.

Il y a quand même d'autres façons de laisser son empreinte ici bas que de faire des familles nombreuses le dimanche sous la couette parce que le programme télé est nul.

Nouvelle gorgée de whisky.


<murmure:>- Tu vas la pointer ta gueule qu'on en finisse ?

J'ai cherché mon paquet de clopes dans la poche arrière de mon pantalon. je ne vais quand même pas faire les cents pas !

« Modifié: mars 03, 2018, 01:41:40 par Skye »
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Re : Caiman
« Réponse #4 le: mars 03, 2018, 16:15:14 »
2h21. Tuer pour toi c'est facile, dommage que tu ne puisses pas tuer le temps plus facilement.
Attendre dans le silence et le calme, jusqu'à ce moment où monte l'adrénaline. Un job comme un autre pour toi.
Un job à cent mille dollars le contrat en moyenne. Alors tu attends.

Tu jettes un oeil sur le journal posé sur la table basse devant toi. Les nouvelles ne sont pas bonnes, comme d'habitude.
Seuil des quatre millions de chômeurs atteint. Attentat sanglant à Paris.
Tu détournes ton regard sur ton objectif mais à ton plus grand regret la situation n'évolue pas favorablement.

Finalement tu ne fais que répondre à une demande sur un marché où il y a de l'argent à prendre, le marché de la haine, alors forcément lorsque tu y penses, le rictus apparaît sur ton visage, tu n'es pas prêt de manquer de clients.

Tu te souviens du dernier contrat, il date déjà de trois mois, une vraie partie de plaisir, un mec plein aux as, exactement comme tu aimes, au fusil à lunette, sans risques. Un de ces contrats qui te font aimer ce boulot. Trouver le client attendre le bon moment, bouger discrètement.
Ce jour là tu avais traversé un bout de forêt et tu t'étais positionné stratégiquement en hauteur avec une vue imprenable sur la villa.
La piscine, le bonhomme sur le transat. Une photo de ta cible à côté de toi...


Tous les champignons sont comestibles, mais certains, une seule fois.

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Re : Caiman
« Réponse #5 le: mars 05, 2018, 15:57:17 »
Dans ce boulot, on ne peut pas faire d'erreur, pas à ce prix là. Les trader peuvent perdrent des millions, moi en temps que tueur professionnel, je dois tout maîtriser alors ça prend un certain temps. D'abord les armes. Monter, démonter, entretenir jusqu'à ce que tu puisses le faire les yeux fermés. Noir total, totale maîtrise. "Ton fusil c'est ton meilleur ami"

<pense:>"Qui a dit ça encore ? " Je cherche dans mes souvenirs et me reviennent en mémoire les disputes de mes parents que j'entendais le soir entrouvrant la porte de ma chambre quand je les entendais crier.

Oui utiliser les armes c'est engendrer la violence en même temps côté violence notre espèce est pas mal. Il y a des exceptions bien sûr, Gandhi, Mère Teresa, Nelson Mandela, des exemples pour l'humanité. La pauvre humanité qui continue de se taper sur la gueule. N'aurait-elle rien compris ? C'est pas pour dire mais depuis que j'ai quitté mon Irlande natale, pour mettre le nez sur le monde, il n'y a pas à dire le nombre de crétins que j'ai croisé a exponentiellement augmenté. Bien sûr en faisant ça j'ai changé les paramètres de l'équation, je suis d'accord mais ça vous ouvre les yeux.
Tout seul et rapidement, vous vous rendez rapidement compte qu'avant que l'humanité soit pacifique, qu'on mange des fleurs en récitant des mantras de la paix et de la sérénité, il va s'écouler un paquet d'années. Si ça arrive.

Là vous avez deux solutions, soit oeuvrez pour cette paix utopique et magnifique qui viendra bien après votre mort avec les petites fleurs et tout le reste sur votre tombe, vos arrières, arrières petits enfants très fiers de vous. Mais vous vous souvenez, j'ai dit que je n'aurez pas de gosses. Soit vous vous dites que c'est pas pour tout de suite mais qu'avec vos talents naturels vous pourriez éliminer quelques salauds, crétins, requins. Définitivement pas comme une mauvaise herbes qui risque de revenir. Bon évidemment la violence engendre la violence et à moins de tout faire partir en fumée, femme, enfants, cousins, famille, ces expéditions ciblées pourraient vous revenir dans la tête mais vous voulez que je vous dise, je m'en cogne totalement.

J'étudie assez bien la cible, ses habitudes, le terrain pour ne laisser aucun indice. C'est bien ça le souci de ce boulot, je tue proprement, méthodiquement, patiemment, quoique là on peut on douter. Alors après un moment ça devient une routine, bien huilée, qui continue de rapporter certes mais le taux d'adrénaline descend doucement et on se demande ce qu'on va pouvoir ajouter à l'équation pour garder le baromètre au niveau qui vous fait kiffer votre job.

On pense à écrire un bouquin, une méthode, c'est con oui, si on fait ça c'est la mort du petit cheval. Alors il faut dire ce qui est, le hasard vient y mettre son nez même si vous ne l'avez pas invité, même s'il n'y a pas de place pour lui. Il est comme ce pote qui sait toujours où crécher quand il est fauché, qui met son pied dans la porte, qui reluque votre copine et la maison où vous vivez avec un air envieux et un clin d'oeil graveleux avant de lâcher "dis-donc tu t'emmerdes pas !" Le genre de remarque qui vous irrite, rappèle ce tic nerveux qu'il vous reste à l'oeil gauche d'une mauvaise bagarre.
Mais parfois ce putain de hasard prend une forme à laquelle on ne s'attendait pas. Là c'est la patience. 9 jours de patience et j'espère que ça ne durera plus. Je n'aime pas attendre comme toutes les personnes qui ont les moyens.
"Tu es comme un gosse" me dit ma mère. Je lui souris, je pose ma main sur la sienne, celle qui appuie sur la gachette et améliore son quotidien, paie ses frais de santé, sa thalasso. Je lui souris -je ne peux pas lui dire la vérité, ça la tuerait - je me lève généralement, j'embrasse son front avec un "je dois y aller, j'ai du travail".

J'ai allumé ma Native American Spirit Blue et j'ai tiré une bouffée, appréciant le tabac, j'ai regardé l'appartement. Ca fait tellement de temps que je l'observe, que je pourrais en donner les dimensions exactes, de quoi refaire la déco.


<pense:>"Faudra y penser d'ailleurs quand j'aurais fini le job, à la refaire la déco".

J'ai souri à mon propre cynisme.
« Modifié: mars 05, 2018, 17:03:24 par Skye »
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Re : Caiman
« Réponse #6 le: mars 08, 2018, 22:37:36 »
Le mec n'avait pas souffert. Impossible de le rater à cette distance. Un coup comme celui-là c'est un contrat à cent milles dollars, parfois un peu moins parfois un peu plus. Pour cette somme-là tu garantis un travail propre. Pas de traces, pas de pistes, quelque chose de soigné.
Tout ce que tu as à faire c'est de prévenir le commanditaire, histoire qu'il se fabrique un alibi en béton. Mais en général tu arrives à te débrouiller pour que ça ait l'air d'un accident.

Le plus gros problème dans ton job, paradoxalement, c'est la thune, car tu ne peux pas le dépenser. Impossible en effet de rouler avec une grosse voiture sans attirer les regards.
Au moins au Venezuela personne ne te pose de question. Là-bas tu as trouvé des gens simples et agréables. Pour eux tu es juste un étranger plein aux as et un peu farfelu et tu dois bien avouer que ça te vas à merveille.
Le soleil, la mer, une magnifique femme, dans le désordre, c'est ainsi que tu comptes vivre la fin de tes jours, quinze millions de dollars, c'est l'objectif fixé, ensuite pour toi ça sera la quille à jamais.
Encore quelques années, quelques affaires, quelques mecs à refroidir.

Au fond c'est un boulot peinard, pas d'heure de pointe, tu ne pointes pas au bureau, tu n'as pas de petit chef à la con sur ton dos à longueur de temps qui te brise les couilles, que demander de plus ?

N'empêche que tu demandes bien ce qu'il fabrique ce con...Tu tires sa photo vers toi, celle posée sur la table basse à côté de la bouteille.


Spoiler

Un médecin directeur de clinique. Le type conduit une Lamborghini, le genre de vieux qui drague les minettes avec sa saloperie de bagnole pour sûr.
Tu as son planning, il devrait être là, mais toujours rien.
27 rue Chaptal, dix huitième, un pied à terre pour sa maîtresse. Mais ce n'est pas une affaire d'adultère. C'est une embrouille de fric, une histoire de gros sous.
C'est ça ton taf, tu aides les richards à s'entre-tuer. Les pauvres eux, n'ont pas les moyens de payer tes services, ils font ça eux-mêmes, les prisons regorgent de ce genre de types, sans doute trop cons pour faire ça proprement.

Ce type-là, tu connais sa vie à fond. Il ne te reste plus qu'à choisir quand et surtout où et comment.
Etrange de te dire qu'il respire ses dernières bouffées d'oxygène.

Tu attrapes ton fusil, tu fais le point sur l'appartement, rien, le vide, le néant, le noir total.
Au dessus un couple de vieux, en dessous une jeune qui regarde la télé en caressant son chat tendrement.
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Re : Caiman
« Réponse #7 le: mars 12, 2018, 19:08:05 »
L'inconvénient quand on exerce ce genre de boulot, c'est qu'on ne peut pas téléphoner à son "client" pour lui dire qu'il est en retard, qu'on aimerait bien boucler l'affaire et reprendre l'avion. Pas question de l'appeler sur son portable, pourtant je l'ai. C'est facile, tout aussi facile qu'ailleurs. Mais voilà, qu'il s'attarde à une conférence à s'étendre sur sa discipline ou dans un hôtel de luxe à s'étendre sur de ses maîtresses ou une pute, ça n'arrange pas mes affaires.
J'attends. Je me suis resservi un verre.

Je n'aime pas la France, je ne l'ai jamais aimée, j'aime certains lieux, des restos des musées, des hôtels, des églises, certaines ambiances mais pas les gens. C'est la plus grande concentration de crétins au mètre carré que j'ai vue.
Evidemment, je ne suis pas objectif. J'ai atterri ici après la séparation de mes parents, obligé de suivre ma mère que j'adore mais franchement j'avais plus d'affinités avec mon père et mes oncles, j'en ai gardé de manière indélébile, une vue du monde dure, pragmatique, une manière d'aller à l'essentiel, de ne pas perdre ses objectifs de vue.
On ne vit pas dans un monde de bisounours et si franchement c'était ça, je me casserai. J'aime que les choses soient claires, les sensations brutes, entières. Ce qui n'exclue pas que dans ma partie j'ai du bosser dur. Bosser pour ne pas faire d'erreur parce que la moindre erreur peut vous envoyer derrière des murs très hauts et gris, de quoi déprimer encore plus que sous le climat de cette partie de l'Europe, entouré de crétins dans une cour carrée.

Je n'aime pas la France, l'argent y est suspect, la réussite encore plus, les gens sont curieux dans le mauvais sens du terme, envieux, prêts à vous balancer pour un principe qu'ils rêvent eux-mêmes de transgresser parfois, mais ils n'ont pas les couilles. Ils n'ont même plus la volonté ou la discipline d'aller au bout des choses. Ils tentent, s'essayent. Quand ils échouent, ils accusent le monde entier, quand ils réussissent leurs propres compatriotes les accusent en cherchant le cadavre dans le placard, comment couper les cheveux en 16.

Pour rien au monde je ne viendrais vivre ici, j'y achèterai un appartement, en plus le manque de soleil leur fait souvent faire la gueule. Au Vénézuela je me sens bien tranquille, utile avec mon argent pour aider des gens comme ma mère, leur offrir une vie décente. Hyprocrite ? Non pas pour moi, je gagne ma vie avec mon talent, j'en fais profiter les gens que j'apprécie, je suis deux trois associations qui apprennent aux gosses à penser autrement que comme des pauvres parqués dans un pays sans futur. Autant ici il y a des moyens qu'on gaspille par connerie autant là-bas les idées, la tenacité, les rêves ne manquent pas. Les moyens, oui, cruellement.

Après un instant j'ai posé le fusil, on peut tuer en toute tranquilité, un seul homme ou beaucoup de monde, ce n'est juste pas la même méthode, la même approche, la même phylosophie. Les plus radicaux pourrait même dire la même religion mais pour moi ça n'a rien à voir avec Dieu, c'est juste une histoire de compétences et de préparation. Dieu n'a rien à voir là dedans, il ne me souffle pas le nom de mes victimes, il ne me dit pas que c'est mal avant que j'appuie sur la gâchette, non il n'est pas là. On se demande d'ailleurs où il crèche avec son "tout est amour". Franchement, il devrait arrêter de fumer et regarder bien en bas, descendre même parfois, il verrait qu'il y a quelque chose qui cloche.

Parfois je vais à la messe avec Mila, pour lui faire plaisir. Le père Alessandro me sourit de toutes ses dents quand il me voit parce qu'il sait que je vais être généreux avec ses bonnes oeuvres et sur le principe ça ne me gène pas mais Dieu ne s'assied pas derrière moi en mettant sa main sur mon épaule et me faisant un signe de tête autoritaire vers le confessionnal. Non, s'il est là il ne se montre pas, il observe, non interventionniste.

Bon après je comprends, il nous a filé une conscience, le libre arbitre, des mains, des jambes, un cerveau pour certains alors bien sûr il va pas venir le dimanche matin tirer les oreilles à ses ouailles qui mettent le pied à côté. Putain ça serait vraiment le job à la con en plus d'écouter les prières, de s'occuper des miracles, de former des gars à prier toute leur vie sans baisser leur regard sous le pupitre.

"Tu ne tueras point" yep c'est écrit. Enfin écrit pas par Dieu lui même. Non, un messager. Jusqu'à quel point on peut lui faire confiance ? J'en sais rien, j'étais pas là.

Alors je fais mon job, je crée mon propre chemin, ma propre réalité et quand ce sera fini, je verrais bien si Dieu vient me présenter l'addition. Je suis curieux.

Tout aussi curieux de savoir où ma cible reste coincée. Sous un corps emplit de désir ou sous sa lamborghini qui a rencontré un pilier ?

J'ai repris le dossier, relu toutes les infos que j'ai récoltées. Ses habitudes , ses clubs, ses restos, ses maîtresses, ses vices. Ils en ont tous.
« Modifié: mars 12, 2018, 19:18:48 par Skye »
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Re : Caiman
« Réponse #8 le: mars 13, 2018, 09:38:36 »
Lorsque tu repenses au Venezuela des flashs remontent à la surface, le doux sourire de Mila, ses yeux d'une profondeur colossale, les caresses de ses mains sur ton corp.
Mais le paradis a un prix.

Tu te souviens comment tout a commencé. Tu allais sur tes vingt ans, à cette époque tu étais encore à la fac, tu n'étais pas trop mauvais d'ailleurs. Fac de droit, même si tu n'as pas été très loin dans cette direction, il faut dire que tu n'étais pas un bourreau du travail. En tout cas toujours assez longtemps pour comprendre que le seul droit qui compte, c'est le droit du plus fort.
A l'époque tu sortais avec Jess, une jolie brune.
C'est d'ailleurs elle qui un jour t'avait proposé un petit coup de main pour calmer un ex à une de ses copines. Mais elle t'avait simplement demandé de lui faire peur, et non de le tuer sauvagement dans un parking souterrain à la batte de baseball. Il faut dire qu'à cette période tu n'avais pas encore les moyens de t'acheter un flingue.
Pour faire penser à un vol tu lui avais volé son portefeuille. Ce jour là tu avais dû taper trop fort, trop nerveux sans doute, désormais tu arrives un minimum à te maîtriser.
Du coup le commanditaire de l'époque t'avait filé une petite rallonge. Avec une petit partie du fric tu t'étais payé un pistolet, c'est une fois en main que tu avais compris que tu recommencerais.
Puis le reste à suivi, le club de tir, l'indépendance, l'argent facile.

Quand tu y réfléchis tu te dis que les assassins sont partout, d'une manière ou d'une autre. Toute vie, quelle qu'elle soit, ne peut se dérouler qu'au prix d'incessantes violences sur le monde, les êtres et les choses qui le peuplent. Il suffit de réfèchir pour s'en rendre compte.
Tu ne vas pas faire le coup des végétariens qui portent des pompes en cuir et des blousons en daim, ni des enfants du tiers-monde qui se tuent à la tâche pour que les nôtres puissent frimer à l'école, ou bien des armes qu'on distribue aux quatre coins du monde à des dictateurs de pacotille. C'est pas que tu n'en as pas envie, mais la liste serait trop longue.
Qui n'a pas un massacre sur la conscience, les allemands avec les juifs et l'holocauste, les turcs avec les arméniens, les espagnols avec les aztèques et les incas, les américains avec les indiens, les chinois avec les tibétains, les australiens avec les aborigènes, la traite des noirs, les anglais, les français, les japonais, les dictatures sud-américaines ?
L'histoire de l'humanité n'est qu'un long chapelet d'atrocités qu'ont n'a pas fini d'égrener.
On vie sur une pile de cadavres, mais il paraît que l'homme n'est pas si mauvais.
Les chiffres tu les connais, les trois cent cinquante personnes les plus riche du monde possèdent autant que les deux milliards d'hommes les plus pauvres.
Alors le premier qui vient te servir des conneries sur la fraternité, la solidarité et tous ces bobards à la con, qu'il passe son chemin avant que tu ne lui colles une balle dans la nuque, juste comme ça, gratuitement, et pour le plaisir.
...
Mais tu ne le feras pas, tu n'es pas sur terre pour empêcher les gens d'être cons, non tu n'es pas l'homme des causes désespérées.
Par contre que l'on ne te fasse pas dire non plus ce que tu n'as pas dit. Tu ne crois pas que les pauvres soient meilleurs que les riches. Pas du tout. Ils sont exactement pareils, sauf qu'ils n'ont pas le fric. S'ils en avaient ils seraient à mettre dans le même panier à merde.


Tu quittes le salon pour te rendre dans la salle de bain. Là, tu ouvres un filet d'eau et colles tes mains jointes en dessous, puis tu te penches pour te passer l'eau sur le visage. Sur l'instant cela te fait un bien fou.
Tu poses ensuite tes mains sur les côtés du lavabo et tu restes là à t'observer un moment dans le miroir.

« Modifié: mars 13, 2018, 09:45:22 par Zork »
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Re : Caiman
« Réponse #9 le: mars 17, 2018, 09:26:27 »
Je n'ai jamais su définir si j'avais la gueule d'un tueur ou pas .Et dans ma partie, je ne peux pas poser la question à mes amis. Vous voyez pourquoi ?
Je n'ai pas d'ami, personne à qui je puisse faire confiance d'autre que moi. Je suis solitaire et qu'on ne me dise pas "comme un loup", les loups ne sont pas solitaires, ils sont solidaires, chaque meute a une hiérarchie, des éclaireurs, des aguerris qui ferment la marche et au milieu les plus faibles à protéger.
Moi je n'ai personne qui protège mes arrières, qui éclaire le terrain, je dois prendre mes propres marques, mes précautions, tout penser de A à Z. Ca a l'avantage de ne jamais avoir dans le paysage un crétin qui vienne me dire ce qu'il faut faire parce que théoriquement il l'a lu quelque part dans ses bouquins de cours. C'est apaisant d'un certain côté, de l'autre ça vous donne une tension permanente jusqu'à ce que votre cible s'écroule. Personnellement ça dure jusqu'à l'aéroport, quand je passe le contrôle, jusqu'à ce que l'avion décolle.
Ca me fait quasi dormir tout le voyage pour récupérer et être apte à profiter du Vénézuela, de ma maison, de Mila, une des seules présences humaine que je tolère. Elle est discrète, humble, gentille. Pas un cheveux de sa tête ne pense à faire le mal à autrui, ça me fascine.
Parfois j'ai l'impression de coucher avec une sainte et d'être un démon. Et ce sentiment a lieu de me culpabiliser conforte ma confiance en moi, lorsque je l'ai en ma possession, qu'elle soupire, gémit et murmure mon nom, je me sens encore plus puissant, intouchable, invulnérable.

Cette vie est vraiment étrange, on peut marcher parmi ses semblables comme un imposteur, tranquillement.

J'ai pris une serviette pour m'essuyer le visage, j'ai passé la main dans mes cheveux et je me suis regardé de profil. J'ai une belle gueule mais de celles qui sont marquées par une sorte d'avertissement  "A ne pas emmerder", une faculté que j'ai développée à l'école après m'être fait bousculé pendant plusieurs semaines par ceux qui se considéraient comme des caïds. Des caïds, oui, jusqu'à ce que je déjante leur chef et que de mon regard noir je signifie aux autres que j'étais prêt à me faire les lieutenants, les sergents et la piétaille de leur troupe de pacotille, une petite bande de cons ! Ils n'avaient aucune idée de ce qu'est la violence, la bagarre, la vraie, celle qui mène à la guerre. La force d'un homme qui grandit là-dedans est puissante, une source en lui qui en fait un fauve, un fauve en liberté, puissant, silencieux, efficace qui peut rester des heures à attendre sa proie, qui choisit l'instant, le terrain où il est le plus fort. Et qui tue sans remords avec une efficacité redoutable. Une efficacité qu'il a travaillée, ciselée jusqu'à en faire un diamant tranchant.

Mon estomac a grogné, j'ai grimacé. Difficile de se contenter du whisky, je vais devoir me résoudre à me commander quelque chose.
Au Vénézuela je cuisine, ici impossible je n'y arrive pas, j'ai l'impression que les ingrédients sont ternes, pollués et la mixture brune qui termine dans la poêle ne me donne qu'une envie : la jeter à la poubelle, je ne la filerai même pas à mes chiens.
« Modifié: mars 17, 2018, 09:40:50 par Skye »
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Re : Caiman
« Réponse #10 le: mars 18, 2018, 16:52:12 »
Un truc à manger, oui c'est une bonne idée et puis ça t'aidera aussi à patienter parce que pour le coup tu commences réellement à trouver le temps long.
Un dernier coup d'oeil dans l'appartement cible, mais toujours rien.
Les options qui s'offrent à toi ne sont pas très nombreuses, pour autant tu préfères passer quelques précieuses minutes afin de bien peser le pour du contre, comme d'habitude, tu préfères ne rien laisser au hasard.
Première option te faire livrer à l'appartement sous une fausse identité.
Deuxième, récupérer ta commande au rez de chaussée, quitte à toujours avoir un regard sur la fenêtre de la cible. Troisième, et de très loin celle que tu préfères, fuir cet endroit pour un instant, sortir prendre l'air et aller casser la croûte dans le coin.
De toute façon et à bien y réfléchir, rien, absolument rien ne laisse présager que la cible arrivera cette nuit.
Tous les champignons sont comestibles, mais certains, une seule fois.

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Re : Caiman
« Réponse #11 le: mars 22, 2018, 15:46:46 »
J'ai peigné en arrière et avec soin mes cheveux, cherché une cravate élégante, sorti mon veston et mon pardessus en tweed, l'écharpe. Il fait froid, je déteste le froid. D'un autre côté quand je viens ici j'ai cette sorte de compulsion à aller acheter des costumes en tweed hors de prix que je ne peux mettre qu'ici. C'est assez paradoxal.

J'ai fait un double noeud à ma cravate avant d'enfiler la veste et de vérifier si je suis convenablement rasé pour me présenter dans un restaurant. La barbe est à la mode et perso j'ai horreur de ça. Mila aussi. Quand je suis mal rasé, elle se plaint que "ça pique".
J'aimerai qu'elle soit là, l'emmener dîner, qu'elle ait l'occasion de voir Paris mais c'est trop compliqué quand je viens pour le travail.
Je ne sais pas pourquoi à cet instant précis, être seul m'a agacé.


Le look de sortie

Les chaussures

Je suis sorti du Hyatt Regency Etoile pour traverser le boulevard. Il n'aurait pas été si tard, j'aurais jeté mon dévolu sur le Canadian Ambassy Pub. Mais ils ne servent que jusqu'à 2h. Il ne me reste qu'à trouver quelque chose de correct pour prendre un repas chaud convenable avec une bière. Je vous ai dit ? Les fastfood je ne supporte pas non plus.

Je ne sais pas si tu avais en tête un lieu particulier pour "l'appartement" Perso étant donné l'identité de la future victime, on ne peut pas mettre ça dans n'importe quel arrondissement, j'ai regardé plusieurs tours de logement à Paris mais j'ai choisi finalement le Hyatt parce qu'en face il y a le Méridien, dans lequel descendent surement ce genre de profil pour y croiser leurs maîtresses après une conférence ? Si tu souhaites changer des choses n'hésites pas.
« Modifié: mars 22, 2018, 15:51:31 par Skye »
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Re : Caiman
« Réponse #12 le: avril 02, 2018, 12:30:21 »
Les portes coulissantes du Hyatt Regency Etoile s'ouvrent devant toi.

Un type se tient là, pour le moment il te tourne le dos.
Aussi grand que toi mais nettement plus frêle. Déformation professionnel ou pas tu évalues instantanément le potentiel de danger avant même qu'il n'ait eu le temps de t'apercevoir.
Son costume ridicule te fait comprendre que tu as à faire à un voiturier.
L'homme, qui ne doit d'ailleurs pas être âgé de plus de trente ans, tourne la tête dans ta direction et te salue en courbant subtilement l'échine tout en te faisant entendre pour la première fois sa voix.
Cette dernière, bien que n'ayant rien de bien charismatique, murmure à tes oreilles cette douce sensation de n'être enfin plus seul.




Bonsoir Monsieur, l'air est frais ce soir, je fais appeler votre voiture ?

Comme à ton habitude, tu préfère prendre le temps nécessaire avant de lancer une éventuelle regrettable réponse. Peser le pour du contre a toujours été pour toi fondamental. Même pour une question aussi basique que la sienne.
Surtout pour une question aussi basique que la sienne.
Tu jettes un regard sur ta montre, puis dans sa direction, avant de porter ton regard sur l'horizon.
Paris la nuit est magnifique et la brise de vent glissant lentement sur ton visage te fait un bien incommensurable. Sortir de ton cocon doré est de toute façon ton nouvel objectif et tu comptes bien t'aérer l'esprit, histoire d'avoir les idées claires sur la future marche à suivre.
Deux heures bientôt, nul besoin par contre de réfléchir longtemps pour que tu comprennes que les restaurants de la capitale sont tous fermés.
Pourtant il te faut faire un choix, le voiturier lui en tout cas attend clairement une réponse.


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Re : Caiman
« Réponse #13 le: avril 08, 2018, 16:55:06 »
- Oui s'il vous plait.

J'ai opté pour la voiture pour deux raisons. La première est que le temps qu'on me l'amène, ça me laissera juste le temps de voir les établissements ouverts H24 dans les environs; on est à Paris, le centre de la France, une ville qui ne dort jamais.
La seconde c'est que quand j'en aurai marre, je peux rentrer sans attendre. Pas que je sois inquiet de prendre les transports, non. Je suis d'un profil qu'on ennuit pas, ça doit être marqué sur mon visage : "Si tu me touches, tu morfles" parce où que ce soit dans le monde, je n'ai jamais été agressé dans un aéroport, une gare, un métro, ni dans la rue.

J'ai le choix sur les établissements qui restent ouvert et servent la nuit. Soit je me dirige dans le 8ème par les champs Elysées soit je sors des sentiers battus.
J'ai allumé une cigarette et pianoté sur le smartphone ma recherche.

La maison de l'Aubrac ou la Table Libanaise ?

Je n'ai pas envie de me conformer aux coutumes françaises. Quand je suis ici je me sens toujours en transit, ma valise n'est jamais complètement défaites, mes outils de travail toujours prêts mais sécurisé par ouverture d'empreinte digitale.

J'ai rejeté la fumée, mon choix est fait :  Libanais. J'aime les cuisines typées, parfumées.
La ligne pure de ma volvo S90 gris osmium est apparue dans la nuit, j'ai tiré sur la cigarette, je laisse au voiturier le soin d'apprécier ce qu'il a entre les mains, il ne peut pas se payer ce genre de voiture et c'est une voiture de location.
Pourtant c'est le même modèle que je loue partout où s'est possible. Pour moi l'excellence est là en 5 lettres, une autre façon de voir les choses et qui me convient. Rien que l'anticipation de mes mains sur le volant me file une sensation. De plus j'aime conduire la nuit dans les grandes villes, elles ont une beauté particulière qui n'est rien qu'à moi me semble-t-il derrière les vitres.

J'ai glissé un billet de vingt euros au voiturier, toujours être correct sans se faire remarquer,  genre celui qui en a plein aux as. Ca attire les regards, ça solidifie les mémoires et moi mon job c'est de me faire oublier, de me fondre dans le décor, qu'on oublie que j'étais là.
J'ai ôté mon pardessus que j'ai jeté sur le siège arrière avec élégance avant de prendre place au volant et de programmer le 25 rue Oscar Roty.



Spoiler: Signature OK
« Modifié: avril 08, 2018, 17:57:43 par Skye »
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Re : Caiman
« Réponse #14 le: avril 08, 2018, 20:33:12 »
Vingt et une minutes de parcours jusqu'à destination, le GPS intégré ne tarde pas à te donner l'information.
Trop heureux de quitter l'hôtel, tu engages la Volvo sur la Place du Général Koeing. Rien à gauche, rien à droite, tu t'autorises une petite accélération dans l'espoir de te dégourdir un peu les roues.
Etre au volant de ce modèle est un bonheur absolu. Confort, luxe et délicatesse et autant dire que tu comptes bien profiter de cet instant privilégié pour t'évader de ce maudit hôtel dans lequel tu pourris depuis quelques jours.


Avenue Mac-Mahon
Au rond-point, Place Charles de Gaulle, prendre la 7ème sortie: Avenue Marceau


La circulation est fluide, pas étonnant à une heure aussi tardive. Mais il y a toujours les couches tard ou les lèves tôt, c'est au choix, sans compter les habitués des bars ou des clubs de nuit.
Derrière toi une moto, casque noir, blouson en cuir noir. Tu colles ton clignotant à gauche pour filer en direction de l'Avenue du Président Wilson, lui aussi.
Coup d'oeil dans le rétro, tu suis la place Alma, lui aussi. Tu continues sur la Place de la Résistance, lui aussi.


Continuer sur : Avenue Rapp Toujours là !
Avenue de la Bourdonnais Qui est ce mec, quelqu'un te suis.

Voilà maintenant plus de six kilomètres que le deux roues te file le train.
Clignotant mine de rien, tu bifurques comme te l'indique le GPS, Place de l'École Militaire, lui de même.

Un feu, tu ralentis considérablement, bientôt il passe au orange, tu attends encore un peu, avant d'accélérer, lui s'arrête au rouge.
Tu prends la place Joffre puis l'Avenue de la Motte-Picquet et la rue du Commerce. Plus personne. Place Étienne Pernet, tu prends un temps pour t'arrêter sur une place à droite. Feux éteints, tu patientes, ça tu sais faire.
Arrivée estimée dans deux minutes. Trois minutes...

« Modifié: avril 16, 2018, 20:41:00 par Zork »
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Re : Caiman
« Réponse #15 le: avril 28, 2018, 23:13:08 »
Parfois on fait des choses stupides comme ne pas recliquer sur le sujet pour voir que finalement tu as terminé le post. Mes excuses donc pour cette attente injustifiée.

Un pli au coin de la lèvre. Ma marque de contrariété. Si ça persiste ça engendre l'agacement. En même temps tous mes sens se mettent en alerte. Dans le rétro j'ai examiné sa conduite, jaugé sa maîtrise du deux roues.
J'aime maîtriser les choses, normal, je ne laisse jamais rien au hasard. Cependant avoir cet enfoiré derrière moi m'a gâché mon plaisir et quand on atteint un certain niveau d'aisance, on aime pas les contrariétés, on les fuit comme la connerie.
Une fois à l'arrêt dans le noir j'ai surveillé dans le rétro arrière, les latéraux, l'adrénaline commence à monter dans mes veines, comme un fauve prêt à chasser. Mon estomac a grogné mais je n'y plus prêté aucune attention.
Ne pas se laisser distraire, se focaliser sur cette éventuelle menace, ne rien laisser au hasard, jamais.
Ca peut n'être rien mais ça peut aussi être un grain de sable dans la machine bien rôdé du déroulement de mon opération et je suis aussi méticuleux et méfiant qu'un sergent recruteur qui inspecte le dortoir de sa bleusaille avec des gants blancs.


<pense:>"Alors t'es où enfoiré ?"
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Re : Caiman
« Réponse #16 le: mai 12, 2018, 18:11:02 »
Plus rien...
Et déjà dix minutes que tu es là, à attendre. Le temps pour toi de te faire une raison, mais aussi le temps de penser à la suite.

Demain, il te faudra l'appeler.
Tu n'as clairement pas l'intention de rester deux jours de plus dans cette planque. Ton commanditaire possède peut-être une information que tu n'as pas encore.
Il faut que tu saches et demain tu sauras.

Derrière toujours personne, plus de moto.
Ton ventre commence à se faire entendre, et la table Libanaise t'attend.


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Re : Caiman
« Réponse #17 le: mai 15, 2018, 15:41:27 »
Le pli au coin de ma lèvre est toujours là. Mes sens sont toujours en alerte, sorte d'état d'urgence qui me quitte rarement. C'est surement pour ça que je suis toujours safe avec le métier que je fais. J'ai ouvert la boite à gants et j'ai pris le coup de poing américain qui y est toujours rangé. C'est toujours utile. Je l'ai refermée. J'ai jeté un dernier coup d'oeil aux rétros arrière et latéraux avant d'ouvrir la portière, le coup de poing enfilé au cas où.
J'ai glissé la clef dans ma poche en jugeant s'il me fallait mon paredessus ou non. Le fond de l'air est frais, j'ai ouvert la portière arrière pour l'attraper l'oreille toujours attentive.
Puis je me suis dirigé vers le resto. J'ai envie d'une bonne viande rouge, d'un bon vin. De quoi rattraper cette journée d'attente merdique.
Je n'aime pas attendre, Juan le sait. J'espère qu'il a une bonne explication.

J'ai poussé la porte d'entrée du resto. Je ne lis jamais la carte à l'extérieur. D'abord parce que ça me saoule, ensuite je me cogne totalement des prix qu'on y affiche, l'argent n'est pas un souci. Et tertio quand je choisis un resto typé, je m'attends toujours à y cotoyer des natifs qui savent expliquer, agrémenter leurs commentaires d'anecdotes locales comme ce Pakistanais sur la rive droite. Ca me fait voyager, oublier que je suis à Paris, sous son ciel gris et là froid en l'occurence.
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Re : Caiman
« Réponse #18 le: mai 15, 2018, 17:44:00 »


En entrant dans le restaurant le dépaysement est total, ce qui pour le coup est une véritable bonne nouvelle.
Les tables sont dressées et mis à part un couple d'anciens à l'étage, il semble que tu sois le seul client.

Alors que tu patientes sur le pas de porte, tu remarques un grand et maigre gaillard se diriger vers toi.




Bonsoir m'sieur. Je suis à vous dans un très bref instant. Le temps pour lui d'apporter le plat qu'il tenait aux clients à l'étage, il revient vers toi afin d'éviter de te faire attendre.

Vous désirez manger je suppose. Tu le regardes en levant les sourcils, il comprend aussitôt. Si vous voulez bien me suivre.

Bientôt tu te retrouves à une table de deux personnes et le serveur s'empresse d'enlever les couverts en trop. Puis dans un second temps il t'adresse la carte du restaurant.

Menu – La Table Libanaise
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Re : Caiman
« Réponse #19 le: mai 15, 2018, 20:10:25 »
J'aime les gens qui comprennent vite, c'est un gage que l'intelligence ressurgit même après un instant d'absence ou de distraction. Mon pardessus a rejoint la patère prévue à cet effet. J'ai déboutonné ma veste et je me suis installé confortablement bien décidé à avoir un moment parfait. J'ai examiné la carte avec attention un long moment, les poissons comme les viandes même si j'avais pré-établi mon choix, je suis disposé à changer d'idée. Mais finalement le "kebbé nayé" l'a emporté.

L'explication que m'en donne le serveur est une invitation aux sens, le kammouneh qui vient parfumer la viande d'agneau,  crue et hachée avec un boulgour fin suscite déjà à mon esprit, un voyage . Suit ensuite les vins, la ferveur de ses explications sur les vignobles libanais reconstruits avec passion malgré le passage des chars et son choix net d'un vin bien charpenté pour accompagner la viande, me convaint. "Les Brèteches" du domaine Kefraya, 2006. J'avais lu un article dans la revue des vins de France sur le château Kefraya et son propriétaire, de Bustros - j'ai oublié le prénom- qui a fait de son château l'une des références du Liban à travers le monde.

La commande passée, je me détends, ce repas devrait rattraper le reste. Je me demande ce que je pourrais faire après le repas à part reprendre là où j'en étais rendu avant que le motard me gâche le plaisir.. Le serveur m'apporte le vin avec un verre haut, parfait. Mon regard vagabonde sur l'étiquette tandis que le serveur me verse un trait pout tester.


- Les cépages ?ds-je alors que je trempe mes lèvres dans le breuvage d'une rouge foncé velouté. Je suis un emmerdeur né là-dessus.

- Grenache, Tempranillo, Mourvedre, Carignan, Cinsault, Shiraz/Syrah, Cabernet Sauvignon me répond-t-il calmement.

J'aime les hommes qui savent de quoi ils parlent. En bouche je savoure, d'abord le fruit, la rondeur ensuite les tannins, le chêne.

- Une belle réalisation dis-je en l'autorisant à compléter mon verre.

Après son départ je savoure à la fois le vin et le cadre, chaud, si contrastant avec celui du Hyatt. Il manque juste une jolie femme à ma table.




« Modifié: mai 15, 2018, 20:50:10 par Skye »
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Re : Caiman
« Réponse #20 le: mai 16, 2018, 09:39:43 »
Mais cette agréable espoir de compagnie féminine ne restera qu'un songe, à ton plus grand regret d'ailleurs.

Alors que tu termines ton délicieux plat principal, tu aperçois le couple descendre les escaliers.
Le vieil homme en costume prend le soin de ranger sa carte bleue dans sa poche intérieur avant d'ouvrir la porte à son épouse, non sans avoir salué une toute dernière fois le propriétaire du lieu.

La place que tu occupes dans le restaurant est une nouvelle fois stratégique. Déformation professionnelle oblige.
Face à l'entrée, non loin des portes te menant à la cuisine. Pourquoi, la raison est on ne peut plus simple, les sanitaires ne disposant pas d'accès sur l'extérieur, il était bien entendu inenvisageable pour toi de ne pas connaitre la position exacte de la sortie de derrière, au cas où.
Il faut toujours prétexter d'aller se rafraîchir avant de s'installer et de choisir habillement sa table, c'est une des règles à respecter dans chaque nouveau lieu dans lequel tu t'installes pour la première fois, c'est vital, tout bêtement.
Sans cette règle d'or, le repas serait indéniablement moins savoureux.

Inutile de ressasser cette affaire dans tous les sens, pourtant il t'est difficile de totalement déconnecter l'interrupteur de ton cerveau, à croire qu'il ne connait quasiment jamais la position permettant de le mettre sur off.

Un petit signe au serveur, jamais bien loin, mais suffisamment pour toi et pour te donner cette délicieuse sensation de ne pas être perpétuellement épié. Il feint bien entendu d'être occupé, puis sans non plus en abuser, te présente à ta demande la carte des desserts. Carte que tu prends tout le temps de consulter.





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Re : Caiman
« Réponse #21 le: mai 18, 2018, 12:39:46 »
J'ai détaillé le couple, l'homme surtout. Déformation là aussi, mes contrats concernent rarement des femmes. A croire qu'elles irritent moins. Son visage, son costume, sa démarche. Etait-ce un dîner poli ? Ils fêtaient quelque chose ? Est-ce qu'elle est beaucoup plus jeune que lui ? Jusqu'à ce que la porte se ferme, j'ai listé comme un exercice habituel tout ce que je pouvais apprendre sur eux, sur lui.

Après seulement j'ai pensé au dessert, au café, et à forcément mon retour à l'hôtel sans espérer que ma victime ait rejoint la dernière place qui lui sera donné de voir.

J'ai opté pour le mouhalabia, sur les conseils du serveur. Je n'aime pas ce qui est trop sucré, ça me file la gerbe. Les pâtisseries ce n'est pas mon truc alors quand elles sont dégoulinantes de sucre ou de crème, je préfère passer.

Un flan ce sera très bien, avec un expresso. J'ai eu envie de fumer comme après l'amour. L'odeur de la fleur d'oranger m'a fait penser au parfum de Mila, à nouveau le pli de contrariété au coin de la lèvre. J'espère que mon commanditaire a une bonne explication et ma victime une bonne raison de ne pas être au rendez-vous.

Un moment de calme dont je profite, le restaurant n'est plus qu'à moi et au personnel. Je me pose aussi la question de la sortie, le cirque du motard est toujours présent dans un coin de ma tête. Quelque soit la raison pour laquelle on pourrait me suivre, me tracer, je sais que moi aussi je pourrais être une cible. Et la grande particularité des cibles c'est d'ignorer leur état dans la majeur partie des cas. Voilà surement pourquoi je n'ai jamais vécu cet état.

J'ai sorti ma carte de crédit personnelle et mon étui à cigarettes. Dans la plupart des lieux publics à Paris il est interdit de fumer, je le sais, le serveur aussi. J'en ai sorti une sans m'en cacher. Pour moi les règles, les lois ne servent qu'à encadrer les moutons, pas les aigles ou les loups.
Ma prudence m'indique de sortir par derrière et d'examiner les alentours avant de rejoindre la voiture. La voiture, le piège parfait. Curieusement tout homme un tant soit peu normal y accorde une certaine importance, il l'a choisie, il la conduit et il s'y sent en sécurité, autant que derrière les murs de sa villa. Mais tout n'est qu'illusion.

J'ai sorti les clefs de ma poche et je les ai posées sur la table. Seconde possibilité. Je suis certain que le serveur aimera se mettre au volant d'un tel véhicule et si c'est la dernière chose qu'il fait sur cette terre, comme dernier souvenir, il y a pire. Il y a mieux aussi, c'est vrai.

Mais souvent on ne choisit pas.
« Modifié: mai 18, 2018, 12:44:01 par Skye »
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Re : Caiman
« Réponse #22 le: mai 20, 2018, 12:11:13 »
Simposer 3. Il me faudrait s'il te plait 3 réussites avant de poursuivre.
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Re : Caiman
« Réponse #23 le: mai 20, 2018, 19:00:28 »
Lance 3d6, en relançant tout résultat égal ou supérieur à 6
5+(6,2)6+(6,2)6 = 17
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Re : Caiman
« Réponse #24 le: mai 20, 2018, 19:31:24 »
Le type comprend le message et se sent presque dans l'obligation de se diriger vers le véhicule pour l'essayer.
Le temps pour lui d'attraper une veste et de se diriger vers la porte du restaurant. Prenant les devant il attrape la porte et la tient t'invitant ainsi à sortir le premier.
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Lignes et Colonnes du Tableau

# Lignes
# Colonnes

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