Message #819988

[Laura Stack (Saphyr)(benben)]

Apparence

Les cheveux longs et blond, aux reflets cuivrés, constituent un joyeux mélange de petites tresses et de fines dreadlocks, le tout réunis le plus souvent en un chignon improbable. Les yeux bleus très mobiles semblent souvent perdu dans le vague, bien qu'il s'agisse la majeure partie du temps du phénomène de plongée. Le haut des joues est recouvert de tâches de rousseur, plus une larme gravée sous l'oeil gauche. La bouche fine, toujours souriante, lui donne un air joyeux, mais également un petit côté inquiétant, car souvent accompagné par une étincelle de folie au fond de la rétine.

Laura cache savamment son corps, pour ne pas montrer les mauvais traitement qu'elle a subi, et les cicatrices qui en découlent. Elle porte principalement un gilet sans manche ,dont la capuche est tout le temps relevé, par dessus un débardeur moulant, invariablement bleu, laissant voir le ventre, et ainsi le petit saphir accroché à son nombril, et les deux Ares Predator V escortant les seins. Ses bras sont couvert par des mitaines, pour ne pas avoir froid mais aussi pour y planquer des outils, et puis pour cacher certaines cicatrices. Le short ultra court s'accompagne de deux larges ceintures cloutées, juste pour la déco, et pour y ranger côté corps les munitions, et d'un magnifique couteau de combat solidement attaché à l'arrière, et dont pendouille négligemment quelques perles turquoise et nacre. Et pour finir la tenue, les éternelles chaussettes montant au-dessus du genou, pour cacher les traces russes, et des bottes dotées de talons hauts et pointus, et d'une véritable échelle de corde en guise de lacets.

BG

La liberté, le vent s'engouffrant dans sa capuche, les gouttes de pluies fouettant violemment son visage, cette sensation extraordinaire d'absence de règles, d'ouverture aux possibles. Les yeux fermés, lancée à pleine vitesse, plus rien n'existe autour d'elle, juste le bourdonnement du moteur, qu'elle entend à peine, plongée dans l'émotion, ce flux débordant d'énergie qui la rend si vivante. Et le mur qui se rapproche, de plus en plus menaçant, de plus en plus inévitable. Les yeux fermés, plus rien n'existe autour, seule, elle est seule, et en vie. Elle ne voit pas le mur qui a bien compris qu'entre lui et elle, il serait toujours le plus fort.

Mais pas le plus rapide ...

À deux secondes du crash, elle fit déraper son scooter, leva la roue arrière, et la fit glisser sur le mur, et quand elle retoucha le sol, ce fut pour repartir en trombe, dans l'autre sens.

Rejoindre l'autre mur, toujours les yeux fermés.

Laura pouvait enfin respirer, et elle comptait bien en profiter au maximum. Pouvoir bouger sans s'en prendre une, sans risquer de finir encore dans le caniveau, à tenter lamentablement de se refaire une beauté avant de travailler. Au squat, personne pour donner des ordres, ou distribuer des gnons. Personne pour lui imposer sa façon de vivre. Elle était enfin libre !

Elle s'arrêta après un énième virage, ouvrit ses yeux bleus, et posa son regard sur deux autres gosses qui jouaient pas loin. Plus jeunes qu'elle, ils se lançaient maladroitement une balle en mousse recouverte de moisissures. Et elle se souvint.

Elle se rappela de Joe Stack, son père adoptif, avec qui elle pouvait rire et jouer, pendant que sa mère faisait le tapin. Il lui avait tout appris sur la matrice, et surtout, sur les drones qu'il bidouillait à longueur de journée. Elle aimait tant jouer dans l'atelier. Joe lui avait dit un jour : "toi, tu plongera un jour, t'iras chercher s'qui faut pour en faire voir de sacré aux drones". Elle hocha la tête. S'il l'avait vu aujourd'hui, il aurait été fier.

Elle se rappela de sa mère, et ce qu'elle aurait pu devenir. La même chevelure blonde aux reflets ambrés, la même paire d'yeux bleus rieurs, le même visage à la peau laiteuse et aux tâches de rousseurs sous les yeux. Elle avait commencée comme elle, mais avait réussi à s'en sortir. De peu.

Elle se rappela également le matin où Joe ne revint pas, où les ombres lui enlevèrent cet homme qui l'avait aimé comme un père. Et surtout, elle se rappela de ce qui avait suivi.

D'abord la fuite, avec sa mère, puis les russes pour qui elle travaillait. Le deal avait été très simple : la vie ou la fille. Elle avait 9 ans, presque 10, et sa mère n'avais jamais vraiment éprouvé d'amour pour le fruit d'une union dont elle supportait seule le poids.

Les russes c'étaient d'abord dévoués pour lui montrer son futur métier, puis l'avaient refourguée à une mama, et une poignée d'heures plus tard, le premier client arrivait. La nouvelle se répandit vite, une elfe encore mineure ça en faisait bander plus d'un, mais pour rentabiliser, et puis éviter de casser trop vite sa nouvelle machine à sous, la mama fit grimper les prix, si bien que seul les plus ignobles et riches pouvaient se permettre la petite sucrerie. Une maigre consolation.

Son dixième anniversaire, ils l'avaient fêté à plusieurs. Son corps n'oublierait jamais la douleur.

Six mois plus tard, sa première tentative, sa première fuite. Ils lui avaient alors gravé au couteau une larme sous l'oeil gauche, pour la marqué comme la pute qu'elle était devenue. Deux semaines plus tard, elle étranglait la mama avec un bas. Les macs ne dirent rien, et les autres filles passèrent les jours qui suivirent à remettre Laura sur pied. Elles durent faire un peu de couture, la mama s'étant quelque peu défoulée depuis la fuite.

Elle recommença, après ses onze ans, et une autre journée d'horreur. Une, deux, trois fuites, puis les russes en eurent assez, et lui cassèrent les jambes. Elle ne recommença pas, et ses jambes ne revirent jamais le soleil.

Pour ces douze ans, elle la passa à l'infirmerie, après avoir gobé la veille suffisamment de came pour tuer un éléphant. Après ça, il était hors de question de la laisser sans surveillance.

Manque de bol, le quartier fit l'objet d'une sanglante saisie par les japs, qui tuèrent une grande partie des prostituées, ayant déjà assez de filles comme ça. Laura fut sauvé in extremis par ses capacités apprises avec Joe. Les japs l'attrapèrent après le piratage réussi de leurs drones, déjouant ainsi leur sécurité. Devant cet échec fasse à une gamine, ils fallait prendre des mesures. Si ton ennemis est plus fort, mets-le sous tes ordres, ou détruis-le. Ils la firent câbler et elle parti pour l'atelier.

Les japs étaient plus agréables que les russes, moins sexuellement dépendants, mais également plus durs, un peu comme le mur. Elle comprit bien vite qu'il valait mieux obéir que servir de sac de frappe. Elle apprenait vite, et fit preuve d'un certain talent dans le pilotage de drones volants, la mettant à l'abri des coups. Pas forcément du trottoir par contre, où quelques clients fidèles l'attendaient de pied ferme.

Peu après ces treize ans, elle reçu s'est première mission en tant que rigger, l'éloignant définitivement des passes. La plupart du temps, elle était assignée à la surveillance des bâtiments, puis des filles. La confiance s'installa progressivement, et après quelques succès, elle se chargea également des transactions.

Rien ne dure dans les ombres, et après les russes ce fut le tour des japs, lors d'un deal important. Malgré l'alerte, Laura dû fuir avant de se faire avoir. Elle embarqua un max de matos, enfourcha son scooter, et décolla vers de nouvelles aventures, avec en bruits de fond le choc des corps sur le béton et le crépitement des armes automatiques.

Le temps que les choses se calme, elle se réfugia parmi les prostituées russes survivantes avec qui elle avait garder le contact, mais elle n'y était plus à sa place. Plus jamais se faire prendre par un gros riche bien gras. Plus jamais devoir se faire recoudre.

Quand elle tomba par hasard sur le squat, elle se sentit enfin en paix, enfin en sécurité. Elle y resta quelques jours à dormir, épuisée par tant de stress accumulée au fil des années. Les filles avaient déjà vendues ses affaires avant qu'elle revint pour les chercher. Son matos était par contre toujours planqué, bien au chaud.

Quand Purple lui avait dit qu'elle pouvait rester, elle avait sauté de joie, avant de s'endormir en sanglotant dans un coin. Elle dormait maintenant paisiblement chaque nuit, en fantasmant sur la mage.

Les gamins avaient arrêté de jouer, et observaient maintenant l'elfe.

Malgré les années difficiles, elle ne s'en sortaient pas si mal. Ça faisait maintenant presque un an qu'elle résidait au squat, aidant principalement à la surveillance à l'aide des drones piqués japs, et se servant de ses connaissances en mécanique pour filer un coup de main dans les réparations. Lors de la demande de Purple d'avoir une grande baignoire, elle redoubla d'ardeur, s'imaginant déjà prendre un long bain en sa compagnie.

Et surtout, pour la première fois depuis des années, elle pleura de joie pour son anniversaire ...