J'avais vraiment envie d'être tranquille le temps qu'on arrive à l'abbaye. Je serais resté en arrière avec mon Goupil, j'aurai peut être fait un brin de causette avec Davog si l'occasion s'était présentée, mais tout ça, c'était vraiment qu'une envie, et pas ce qu'il fallait que je fasse pour que la route soit bonne jusqu'au bout.
Au lieu de m'éloigner, j'approchais rapidement du moinillon.
Vous savez ce qu'on va faire, frère Padraig, on va marcher un peu en avant, et vous allez pouvoir me poser les questions auxquelles je n'ai pas eu le temps de répondre la dernière fois, qu'est ce que vous en dites ?
Je ne le force pas, bien sûr, mais je fais très clairement en sorte que ça ne tourne pas plus vinaigre que ça. J'avoue que j'ai une sorte d'affection pour ce p'tit moine.
J'pense pas trop m'avancer en vous disant que Davog, et la petite troupe qui va avec, ils ont l'air fatigué, ils ont l'air de vouloir arriver sans qu'on leur pose trop de questions !!! Je regarde Davog, je regarde aussi les autres, j'essaye d'avoir un air bien clair sur ma trogne, l'air qui signifie "tout va bien se passer".
Vous savez frère Padraig, des fois vot' gentillesse vous mettra pas à l'abri de vot'curiosité ! Je force un petit rire, mais comme je ne suis pas bon comédien, ça se voit. Je commence à partir vers l'avant, en prenant soin et temps de saluer d'un signe de tête qui se veut respectueux les deux seigneuries qui accompagnent mon Davog.