J'opine du chef avec énergie aux propos de Kory, tout en observant Ishida intensément. J'aime bien la façon de penser de cette fille.
"Kory a raison ! J'ai vécu la même chose que toi, Ishida, et j'ai eu la chance de m'en rendre compte avant qu'il ne soit trop tard. J'ai hésité, déchirée entre ma loyauté et mon instinct de survie, et je suis là aujourd'hui, vivante, et libre comme jamais je ne l'avais été. Suis ton instinct et tes tripes ! Et surtout n'écoute pas la petite musique de ton conditionnement."
J'ajoute avec une violente amertume : "N'est-ce pas finalement incroyable que l'on arrive à nous persuader de tout donner, y compris nos vies, pour que d'autres en disposent à leur gré comme autant de pions dans leurs jeux sinistres ? Et le pire, c'est que nous soyons persuadés que cela est notre nature même, notre rôle, notre devoir, et qu'il nous est impossible de nous penser autrement sans souffrance et déchirement ! Quelles foutaises ! Encore maintenant, il m'arrive de me dire que j'ai mal agi, que je suis coupable d'avoir déserté ... alors qu'ils allaient me ... qu'il allaient me ... ", je m'arrête net, les poings crispés et mon visage de poupée parfaite étrangement impassible, et je murmure d'un souffle, comme si je me parlais doucement à moi-même, <murmure:>"m'anéantir."
