Le visage sombre, j'acquiesce aux propos du jeune mage et lance d'une voix blanche :
Oui, suivez-moi, la manufacture est dans le quartier du Port. Mon père et mes frères nous ferons, je crois, meilleur accueil. Je suis désolée de ce ... cette ... j'ai été sotte de vous amener ici. Pardonnez-moi.
Tournant la tête pour masquer l'émotion qui me submerge à nouveau, je marche d'un pas vif vers le grand boulevard de l'Océan qui descend longuement vers le port de la cité. Le cri des mouettes et les clameurs des commerces, la rumeur laborieuse des artisans nombreux, les détonations crépitantes qui nous parviennent du champ de tir de l'Amirauté, me replongent dans la mémoire de mon enfance tumultueuse et je chasse mon chagrin, peu à peu, à l'évocation des souvenirs heureux.