Message #717990

[Ashley Plunkett(blackclaw)]

J’étais abasourdie. En l’espace de quelques minutes, j’étais passée de la joie de retrouver mon cousin pour, pendant quelques semaines, le garder presque entièrement pour moi à la tristesse et la détresse la plus totale. Je sentais la peur sourdre, convaincue qu’il n’aurait pas choisi de partir sans prévenir personne…
<pense:>En es-tu si sûre, me souffla une petite voix insidieuse.
Je ne l’écoutai pas tandis que, sans vraiment les voir, je feuilletai l’album photo dans lequel notre grand-mère conservait précieusement les souvenirs du passé.
Aïe, mes yeux venaient de se poser sur une photo dont j’aurais préféré qu’elle ne fut pas conservée. Ce n’était pas le moment de me laisser envahir par les réminiscences d’un de mes pires souvenirs. Et pourtant même dans les moments les plus sombres il pouvait en ressortir des choses positives. Ce triste épisode n’avait-il pas après tout contribué à nouer les liens qui nous unissaient encore aujourd’hui.

Que c’était-il bien passé depuis vendredi soir ? Qui était cette amie chez qui il était allé dormir ? Autant de questions qui tournoyaient dans mon esprit et pour lesquelles, espérais-je la police aurait rapidement des réponses…
<pense:>S’ils ne bâclent pas leur enquête, persifla à nouveau la petite voix. <pense:>Tu sais bien ce qu’ils vont dire. A son âge, l’esprit d’indépendance et les hormones aidant, il prend du bon temps et va finir par réapparaître.
La main sur l’album, incapable de passer à la page suivante, mes yeux restaient focalisés sur le sapin de noël richement décoré.
<pense:>Se pourrait-il…? Je devais en avoir le cœur net, et je m’apprêtais à sonder mes grands-parents pour savoir ce que disaient les forces de l’ordre quand je fus interrompue par la sonnette.

Je me levai et me dirigeai vers la porte pour obtempérer sans décrocher un mot.
<pense:>J’espère que ce ne sont pas des journalistes.  Ces chacals sont pires que des charognards.

La porte s’ouvrit sur une jeune femme rousse fort bien faite de sa personne. Ses longs cheveux roux tombaient en cascade, comme à leur habitude, encadrant un visage d’albâtre que nulle tâche de rousseur ne constellait.
Ses yeux s’écarquillèrent de surprise en voyant les deux personnes qui lui faisaient face.
— Stephen ? Jared ? Vous avez appris…. Oh, euh entrez, entrez.

Je pris le plat pour débarrasser Stephen et manquais de le faire tomber  tellement mes mains tremblaient. Pour éviter la catastrophe je le posai aussitôt sur une desserte du vestibule de l’entrée.
— Granny, c’est Stephen et Jared notre voisin.

J’étais contente de les voir surtout Stephen. Pourtant, leur venue, leurs mines abattues me coupèrent le souffle, comme officialisant quelque chose qui pour moi n’était pas encore sorti du cercle intime de la famille. Je restai là, plantée au milieu de la pièce au lieu de les convier à passer dans le salon. Je voulais être forte ; je l’avais été jusque-là ravalant mes larmes. Mais il faut croire qu’il fallait qu’elles sortent.  Sans crier gare, je me jetai dans les bras de Stephen, pleurant à chaudes larmes.

Update pour correction mise en forme