Message #760870

[Charles Crowley(blackclaw)]

Charles se félicitait de n'être pas seul; Ann Margaret comme toujours s'avérait être un soutien indéfectible. Ils étaient loin les débuts ou étrangers l'un de l'autre ils trouvaient toujours de bons prétextes pour ne pas prolonger inutilement leur intimité. Il se demandait toujours s'il avait eu raison d'accepter cette invitation. D'un autre côté comment refuser de voir une dernière fois son père... dû moins si son état était bien celui qui lui avait été présenté et puis tout de même revoir ses frères...

Il n'eut pas le temps de tergiverser plus avant. Quelques instants à peine après que le heurtoir ait fait son office, la porte s'ouvrit. Charles prit à peine le temps de regarder l'homme à la manœuvre.
— Bonsoir mon brave. Ce n'est pas à la minute bien sûr, mais il faudra vous occuper des bagages. Je vous demanderai tout d'abord vous occuper de ceux de madame. Je gage qu'elle voudra se rafraîchir.
tout en se montrant aimable, quoiqu'un peu distant, envers l'homme qui se tenait derrière l'ouverture, il fit entrer son épouse et se glissa juste derrière elle.

C'est alors que Charles avisa une foule nombreuse dans le couloir de la vaste demeure. Peut-être que finalement ils n'étaient pas aussi en retard qu'il l'avait présumé. Offrant à nouveau son bras à Ann Margaret, il s'avança à la hauteur de ses frères et de celles qui devaient être leurs compagnes respectives. Grand, mince, une calvitie importante en dépit de son jeune âge l'avait vieillit prématurément ce que n'arrangeait pas vraiment son air austère. Son épouse, pimpante, un visage non dénué de joliesse tranchait assez nettement.

— Bonsoir, répéta-t-il, plus chaleureusement. Permettez-moi de vous présenter, Ann Margaret. Veuillez nous excusez pour ce retard. C'est entièrement de ma faute, je tiens à le préciser. L'opération bénigne de l'appendicite dont j'avais à m'occuper avant notre départ s'est avérée un véritable cauchemar. La patiente qui nous a été envoyé souffrait en fait depuis plusieurs jours et l'incompétent de médecin qui la traitait a mis ses douleurs abdominales sur le compte de ses humeurs. Ses humeurs vous vous rendez compte! Résultat, le temps d'arriver à l'hôpital et elle avait déjà déclenché une péritonite appendiculaire; nous avons bien faillit la perdre.

Peut-être Charles avait-il compris avec retard que ce luxe de détail aurait pu et du être évité, à moins que ce ne fut en raison de la légère et discrète pression sur son bras opérée par son épouse. Toujours est-il qu'il se tut brusquement, affichant un air confus.