Message #927737

[Frère Padraig(Arkendor)]

Puisqu'il semble que certains des suivants de ce cher Arthur ne connaissent point notre estimée destination, je me fais un plaisir de la leur présenter, selon des termes, il est vrai, maintes fois répétés :

Qui en Albonie ne connait l'abbaye d'Asterlin, célèbre pour abriter les os de Saint Gilles le Martyr, relique vénérée par tous les fidèles de la Vraie Foi ?

Exposés dans un reliquaire d'argent orné de perles, au sein de la grande église de l'abbaye, ces ossements sacrés confèrent à l'abbaye un statut et une renommée qui dépassent les frontière du royaume et attirent nombre de pèlerins, qu'ils soient roturiers ou grands seigneurs. Il est de notoriété publique que la tradition d'hospitalité n'y est pas un vain mot et que les voyageurs y sont particulièrement bien accueillis par une communauté monastique très active, sous le patronage du père abbé Jacquemont.

A la tête d'un vaste territoire agricole et de plusieurs villages, soigneusement valorisés par une importante congrégation de frères convers, le domaine seigneurial dépendant de l'abbaye est prospère et florissant, et fait figure de petit paradis sur terre. Du moins, était-ce le cas jusque récemment, puisque la période de troubles actuelle n'a pas épargné cet écrin de ferveur et de prospérité. Sans doute, Arthur, trouveras-tu que certaines choses ont changé ..?

Au sein de l'enceinte cloîtrée, réservée aux moines réguliers et aux nobles visiteurs de sexe masculin, se trouve également la fameuse bibliothèque de l'abbaye et son scriptorium, où des générations de frères copistes, les plus talentueux de l'Elleslande, ont patiemment constitué une collection de manuscrits sur parchemin et d'ouvrages reliés digne des bibliothèques royales. Des milliers de rouleaux et de tomes, rassemblant le savoir hérité de l'ancien empire jusqu'aux controverses théologiques les plus récentes, sont soigneusement entreposés sous la surveillance du frère Ylic, le bibliothécaire, et de ses assistants. Ma foi, je fus l'un d'eux, il y a quelques années encore, lorsque l'austère père abbé Jacquemont avait encore la santé lui permettant d'appliquer avec rigueur les préceptes de Saint Gilles sur les novices.

Arthur, ton équipage étant essentiellement masculin, nous pourrions nous présenter à la porte des moines, et nous éviter les formalités d'usage, qui se sont, malheureusement, quelque peu alourdies avec les troubles actuels. Je connais bien le frère Giraldus et ses assistants, et je pense qu'ils se souviendront de toi.

M'adressant à la revêche dame de compagnie d'Arthur - manifestement, elle n'est pas sa femme, ni une parente, peut-être sa maîtresse ..? - cette si aimable Aube de Sangriss, j'ajoute d'un ton désolé :

Madame, je crains de ne pouvoir vous faire bénéficier du même procédé que ces messieurs. Néanmoins, en tant que noble dame, je suis certain que votre accueil sera des plus aimables et que nous pourrons vous retrouver rapidement dans la salle des chevaliers, celle qui est réservée aux personnes de votre rang, à côté de la grande salle des hôtes.